L’amour est-il une question de tripes, ou simplement de génétique? Peut-on quantifier le sentiment amoureux, l’analyser uniquement en fonction des hormones qui sont sécrétées en lien avec une attirance envers une autre personne? La télésérie The One, dont la première saison est maintenant disponible sur Netflix, s’attaque maladroitement à ces questions, à travers une enquête policière complexe.
Rebecca Webb croit avoir trouvé le pot aux roses: une façon de déterminer, via l’ADN, qui sera notre âme soeur. Maintenant à la tête d’une entreprise de matchmaking de plusieurs milliards de dollars, elle tente d’étouffer son sinistre passé, au moment où des policiers tentent de résoudre le mystère de la disparition d’un ancien ami de la riche femme d’affaires.
Pouvoir, argent, secrets, policiers déterminés… tout est réuni pour une série enlevante, avec des rebondissements et de la tension à revendre, à mesure que les autorités se rapprochent peu à peu de leur objectif et que le public découvre avec stupéfaction, d’abord, puis avec horreur les machinations mises en branle par Mme Webb pour assurer la survie de son entreprise, et éviter qu’elle ne se retrouve à croupir en prison.
À travers les épisodes de cette première saison, on attend donc avec impatience que les détectives chargés de l’enquête débusquent les indices, que la cheffe d’entreprise finisse par céder, ou encore qu’elle commette une erreur suffisamment importante pour provoquer sa perte.
Pourtant, lorsque l’on prend un temps de recul, peu de choses dans cette série adaptée du roman du même nom n’0nt de sens. D’abord, on s’attarde très peu sur les raisons qui expliquent le succès de l’entreprise The One, la compagnie de Mme Webb. On l’accuse de détruire l’institution du mariage, certes, bien des clients étant des gens déjà mariés (ou en couple) qui ont soumis leurs informations génétiques pour tenter de trouver un meilleur « match », mais on ne dit rien sur les risques de fuite de données et de piratage. Pourtant, la compagnie se targue d’avoir jumelé plus de 20 millions de couples. Et personne n’aurait tenté de voler toutes ces précieuses informations?
On ne dit rien, non plus, sur les risques qu’une telle technologie implique. Car la génétique a beau plaider une chose, il est évident que l’amour tient davantage à un ensemble de divers facteurs qu’à la seule correspondance entre deux codes ADN. Personne ne s’est séparé après un jumelage décevant? Aucun(e) désaxé(e) n’a agressé ou tué son ou sa partenaire?
Troisièmement, comment The One fait-elle de l’argent? On peut comprendre qu’il faille envoyer des sous avec son échantillon génétique pour effectuer une analyse en vue d’un jumelage. Mais contrairement à un site de rencontre, par exemple, où le but est de vous garder sur la plateforme pendant le plus longtemps possible, en vous faisant payer un abonnement au passage, The One affirme permettre de faciliter la création de couples qui ne se sépareront jamais. Après un premier succès, il est impensable que la compagnie puisse jouir d’une croissance éternelle.
Peut-être cherche-t-on, ici, à trop comprendre, trop saisir les diverses implications sous-tendant la série. Ce qu’il faut retenir, en fait, c’est que le scénario est assez tarabiscoté pour éviter que la « méchante », Mme Webb (elle a tué quelqu’un, tout de même!), ne se fasse coincer par les autorités trop rapidement. On veut maintenir le suspense, tout de même. Et possiblement obtenir une deuxième saison, au moins. Cela fait donc en sorte que l’on atteint pratiquement un niveau de frivolité et d’invraisemblance digne d’un opéra savon.
On évitera donc The One. Après tout, il y a de meilleures séries policières, et il y a surtout de meilleures séries abracadabrantes.