Dans sa toute première bande dessinée intitulée Rien de sérieux, Valérie Boivin évoque avec beaucoup d’humour les difficultés pour rencontrer l’âme sœur à l’ère de Tinder et des réseaux sociaux.
Madeleine habite Québec avec sa colocataire Bénédicte, et travaille à la Maison de la littérature. Si elle s’accommodait assez bien du célibat dans la vingtaine, les semaines sans « chum » se sont transformées en mois, puis en années. Maintenant âgée de trente-cinq ans, la solitude lui pèse de plus en plus, et elle craint de ne jamais trouver personne avec qui partager sa vie. Bien déterminée à enfin dénicher l’âme sœur, la jeune femme décide de s’inscrire sur Tinder, mais après plusieurs rencontres infructueuses, dont un prof de maths passionné par les cottes de mailles, un polyamoureux ayant déjà une blonde, ou un homme qui vient de sortir d’une relation de onze ans et refuse de s’engager sérieusement, Madeleine en vient à se demander si elle n’est pas trop difficile, et si ce n’est pas elle le problème.
Tout le monde cherche l’amour, et avec Rien de sérieux, Valérie Boivin aborde les difficultés pour trouver l’âme sœur à une époque où les gens se font la cour en textant ou en passant par des applications de rencontre, et où les couples étalent leur bonheur sur Facebook et Instagram, au grand dam des célibataires. Cette histoire de quête amoureuse aurait pu être un brin déprimante, surtout que, sans vendre la mèche, l’album ne se conclut pas comme une comédie romantique conventionnelle, mais la bande dessinée parvient tout de même à conserver une certaine légèreté grâce à son humour, en plus d’être remplie de belles formules. L’autrice décrit par exemple son célibat interminable comme un « no man’s land », ou se demande pourquoi la majorité des gars sur Tinder semblent s’appeler Keven.
Esquissées au crayon de plomb, sans ligne d’encrage, les illustrations en noir et blanc de Rien de sérieux possèdent un style très épuré. Tandis que les personnages sont plutôt naïfs, avec des formes rondes et de simples points noirs en guise d’yeux, les paysages que dessine Valérie Boivin, dont les rues de Québec sous la pluie, la terrasse du bar Le Sacrilège, le Salon du livre ou l’édifice de la Maison de la littérature, sont beaucoup plus élaborés, et réalistes. J’ignore s’il s’agit de vrais textes ou si elle les a inventés, mais on apprécie beaucoup sa reproduction des fiches sur Tinder, avec des descriptions amusantes, comme « Tu as choisi tes meilleures photos pour impressionner, et moi aussi! Rencontrons-nous, et soyons mutuellement déçus. », ou « Tous les gars ici voyagent backpack, font du surf pis de l’escalade. Moi, je mange gras, mais je suis honnête. ».
Que vous soyez célibataire ou en couple, il est facile de s’identifier à la quête amoureuse de Rien de sérieux, et parions qu’avec cet album, Valérie Boivin fera une entrée plus remarquée dans le monde de la bande dessinée que sur Tinder.
Rien de sérieux, de Valérie Boivin. Publié aux éditions Nouvelle adresse, 208 pages.