Il y a quelque chose de pourri dans la façon dont nous traitons les personnes âgées. Et cette réalité est difficilement plus vraie – éclosions de COVID-19 dans les CHSLD à part – que dans I Care a Lot, une comédie noire sortie l’an dernier, et mettant en vedette deux excellents acteurs, soit Rosamund Pike et Peter Dinklage.
Pour gagner sa vie, Marla Grayson (Pike) abuse des personnes âgées. Et le mot est faible. Devant des aînés souvent en légère perte de leurs moyens, elle trouve une façon pour en devenir la tutrice, pendant que ceux-ci sont placés sous curatelle, dans une résidence pour personnes âgées. Placés dans l’incapacité de contacter le monde extérieur ou de penser clairement, grâce à la complicité du directeur de la résidence en question, ces aînés se font voler jusqu’au dernier centime de leurs fonds mis de côté pendant toute leur vie. Et Mme Grayson, elle, roule sur l’or.
Elle va pourtant aller trop loin, et tenter de s’arroger les biens d’une étrange personne qui n’est nulle autre que la mère d’un dirigeant d’une branche de la mafia russe (Dinklage), qui cherchera à récupérer sa mère. Et à se venger violemment, bien sûr.
Rares sont les films en apparence destinés à un très large public qui jouent la carte de nous faire détester l’ensemble des personnages principaux. C’est pourtant le cas, ici: autant Marla Grayson que son assistante et aimante sont des personnes viles et cruelles, dénuées de pratiquement tout remord. Et autant le personnage de Dinklage, Roman Lunyov, est violent, colérique et mortellement dangereux.
Nos deux méchants en titre vont donc s’adonner à un jeu du chat et de la souris pendant près de deux heures, pendant que le cinéphile éprouve un certain malaise, non seulement à l’idée de profiter de façon éhontée des personnes âgées (bonjour le capitalisme sauvage débridé), mais aussi en se demandant bien de qui il devrait souhaiter la victoire.
À la fois comédie franchement grinçante et pur drame, I Care a Lot est un film franchement bien ficelé de la part du réalisateur J. Blakeson, dont il s’agit ici du troisième long-métrage. Il signe ici aussi le scénario, et force est d’admettre que l’ensemble de la chose est fort intéressant, sans toutefois tomber dans la dramatisation extrême, ou encore dans la moralisation à outrance. Et c’est sans doute pour le mieux.