Trois dents de mammouths vieilles d’un million et demi d’années contenaient encore juste assez d’ADN ou qu’on fasse une découverte inédite sur cet animal: jamais un tel matériel génétique aussi vieux n’avait pu être récolté.
Après la mort, les molécules d’ADN, qui composent nos gènes, se décomposent relativement vite: c’est la raison pour laquelle il est difficile de reconstituer les génomes des humains préhistoriques vieux de quelques dizaines de milliers d’années — et que c’est seulement petit pas par petit pas qu’on assemble les pièces du casse-tête qui nous relie à nos cousins néandertaliens et dénisoviens vieux de moins de 100 000 ans. Le record jusqu’ici appartenait à un génome vieux de 600 000 à 700 000 ans, récolté dans un os de cheval.
Or, ces dents de trois mammouths de la même époque ont fourni suffisamment de fragments encore « lisibles » pour être capable de déduire qu’il existait en Sibérie une lignée distincte des mammouths laineux (Mammuthus primigenius), lignée dont les mammouths d’Amérique du nord (Mammuthus columbi) seraient les descendants. Les résultats sont parus le 17 février dans la revue Nature.
Selon les chercheurs, le fait d’avoir été emprisonné dans le pergélisol —le sol gelé en permanence— y a aidé: le froid ralentit la fragmentation de l’ADN. S’ils ont raison, cela réduit toutefois le spectre des possibilités pour trouver d’autres génomes aussi anciens. Mais il est possible que de nouvelles technologies ouvrent de nouvelles portes : on a évoqué ces dernières années l’extraction de séquences de protéines dans des restes vieux de 2 à 3 millions d’années. Ces séquences fournissent moins d’informations que l’ADN, mais sont plus résistantes au passage du temps.