« Ça te plaît, l’état d’urgence? Bien profond dans le cul? » Bon, il est un peu facile de débuter une critique de L’effet waouh des zones côtières, l’album du trio Institut qui sortira dans deux semaines à peine, avec cette phrase un feu racoleuse, certainement conçue pour choquer, qui se retrouve sur la quatrième piste de cet intrigant album.
Par instants, on croirait écouter du Air. Plus précisément Sexy Boy, qui tournerait en boucle. Les synthés, les percussions discrètes, les voix qui caressent, la musique qui emporte… Ce disque d’Institut est un voyage en soi. Et ce n’est franchement pas uniquement dans les zones côtières que l’on se dit « waouh ».
Tout est sucré. Un peu rose. Éphémère et éthéré. Difficile de ne pas être marqué par la douce voix de Nina Savary. Dur, aussi, de ne pas laisser poindre un sourire lorsqu’il est question de thèmes liés à la pandémie et aux mesures sanitaires. « On se voit demain en présentiel », chante-t-on dans On se voit demain, justement. L’ensemble de la chose évoque de petits appartements parisiens, peut-être dans les combles, où de jeunes adultes enchaînent les clopes, moustaches molles à l’appui (pour les hommes), en évoquant la fin du monde et une certaine lassitude très in.
Et, de fait, l’album s’écoute au mieux allongé sur un fauteuil évasé hors de prix, ou, à défaut d’avoir les poches assez profondes, étendu sur un divan, à fixer un point au-delà du plafond.
La sensualité particulière qui se dégage des divers titres n’est pas associable à une pornographie crade qui ne cherche qu’à exciter les plus bas instincts. Il s’agit plutôt d’un érotisme latent, une délicieuse embrassade qui se savoure encore et encore.
Pour échapper à la grisaille interminable de cette combinaison ignoble d’hiver et de pandémie, L’effet waouh des zones côtières est donc tout indiqué. Faisons-nous plaisir…