La pandémie a déjà fortement touché les pays en développement, dont les systèmes de santé sont généralement moins efficace, mais dont les gouvernements ne sont généralement pas non plus en mesure d’offrir de l’aide financière équivalente à ce qui se fait au sein de la plupart des économies industrialisées. Comble de malchance, indique un nouveau rapport publié par The Economist, ces mêmes pays reçoivent aussi moins de transferts d’argent de la part de leurs ressortissants travaillant à l’étranger, pourtant un pilier de leur économie.
Selon le document, ces transferts financiers ont reculé de 7% en 2020, soit au-delà du recul de 5% enregistré lors de la crise financière de 2008. Pire encore, il est prévu que les transferts vont chuter d’un autre 7% supplémentaires cette année, alors que les mesures de protection contre la pandémie font en sorte que l’activité économique tourne au ralenti, et que la mobilité des travailleurs migrants, qui vont souvent de boulot en boulot, et même d’un pays à un autre, est mise à mal, alors que la plupart des frontières sont fermées pour contenir l’infection.
Cette situation générale cache toutefois des réalités régionales différentes. Par exemple, les transferts monétaires ont augmenté dans trois pays recensés par The Economist, soit le Mexique, le Pakistan et le Bangladesh, mais pour des raisons différentes. Au Mexique, une forte dévaluation du peso au début de la pandémie a encouragé les ressortissants mexicains vivant à l’étranger, principalement aux États-Unis, à envoyer davantage d’argent à leur famille toujours en territoire mexicain. D’autant plus que la valeur du billet vert a augmenté, comparativement au peso.
Au Pakistan et au Bangladesh, l’accroissement des transferts est probablement dû à des facteurs uniques à l’année 2020, peut-on lire dans le rapport. « Cela comprend le rapatriement des avoirs à l’étrangers par des citoyens retournant au pays après avoir perdu leur emploi; cette tendance est particulièrement marquée dans les économies de la région du Golfe, qui ont encaissé un fort recul économique attribuable à la baisse des prix du pétrole et la descente aux enfers de l’industrie touristique. »
Toujours en Asie, cette fois en Chine, en Inde et au Vietnam, les transferts ont diminué, mais les économies de ces trois pays demeurent assez solides pour que cette mauvaise passe ne soit que temporaire, particulièrement en Chine, où les usines tournent de nouveau à plein régime, après avoir été le premier pays frappé par la pandémie de COVID-19.
Au dire des experts de The Economist, « au-delà de la question des flots monétaires immédiats, la baisse des transferts financiers provoquée par la pandémie aura aussi des impacts économiques négatifs plus vastes, ainsi que des conséquences sociales ».
Cela mènera, dit-on, à une baisse de la consommation dans les pays touchés, ce qui ralentira leur reprise économique. Le tout dans des pays où la vaccination ne sera pas suffisamment complète avant 2023 ou 2024.