Que faut-il montrer, dans une oeuvre de science-fiction? Des combats gargantuesques? Le développement psychologique et personnel des personnages? Des extraterrestres? Un peu de tout ça? Avec sa cinquième saison, l’avant-dernière selon ce qui est prévu par ses créateurs, la télésérie The Expanse tente de ménager la chèvre et le chou, avec un résultat intéressant, mais qui met surtout la table pour une finale explosive.
Après avoir voyagé sur une planète située dans un autre système solaire – et avoir échappé au « réveil » de cette planète artificielle en raison de la présence de la protomolécule extraterrestre, qui a agi comme une sorte de « clé » pour déverrouiller d’étranges processus, voilà que l’équipage du Rocinante est de retour dans le système solaire, et se disperse pour tenter de résoudre divers problèmes personnels.
Alex tente sans grand succès de reprendre contact avec sa famille, Amos doit revenir sur Terre après la mort de celle qui fut en quelque sorte sa mère adoptive, Bobbie cherche à faire la lumière sur la mystérieuse disparition d’équipements militaires martiens, et Holden rend notamment visite à Fred Johnson, l’un des influents décideurs de la ceinture d’astéroïdes.
Entretemps, Naomi, elle, se lance sur la trace de son fils qu’elle n’a pas vu depuis plus d’une dizaine d’années, et qui fraie avec Marco Inaros, son père et, incidemment, le chef de l’une des factions les plus extrémistes des « Belters », ces habitants de la ceinture d’astéroïdes qui aspirent à échapper au « joug » de la Terre et de Mars.
Le cinquième tome des aventures littéraires de tout ce beau monde est possiblement le plus incertain de la série. Certes, il s’y déroule quantité d’événements majeurs, notamment une attaque d’Inaros contre la Terre à coup d’astéroïdes recouverts de matériau furtif, mais c’est peut-être l’absence de direction centrale qui fait en sorte que le livre – et cette cinquième saison de la série, qui adapte le tout – donnent l’impression d’attendre un éventuel dénouement.
Et dénouement il y aura, bien sûr, avec un dernier épisode qui fait le pont entre plusieurs branches scénaristiques qui avaient poussé dans des directions parfois opposées. Tout pour indiquer que la sixième saison sera riche en rebondissements, et que nos héros devront risquer leur peau, une fois de plus, pour sauver l’humanité d’elle-même, et de cette menace extraterrestre qui pèse. Rien de moins!
Bien entendu, cela ne veut pas dire que la cinquième saison de la série est ennuyante, ou qu’elle est mal interprétée. Mais il faut peut-être blâmer le manque de moyens, ou le désir de ne pas se perdre en séquences d’exposition, pour cette impression que l’ascension de Marco Inaros, supposément un leader charismatique et impressionnant, a plutôt des allures de dictature d’opérette. Est-ce l’acteur? Est-ce son texte? Là où on devrait trouver un magnétisme animal, probablement mâtinée de cruauté, on semble y voir un froid, un vide. Ou, plutôt, une colère, mais pas cette capacité à mobiliser les foules.
Au fond, peut-être faut-il surtout blâmer les exemples courants des dictateurs et protodictateurs, avec un ex-président Trump incapable de s’exprimer de façon cohérente, un président chinois sans véritable charisme et un dictateur nord-coréen cruel, mais lui aussi sans grand magnétisme. À croire que c’est l’appareil de propagande qui fait tout le travail!
Quoi qu’il en soit, The Expanse, saison 5, est malgré tout bien intéressante à regarder. Un amuse-bouche fort efficace en prévision de l’ultime série des aventures du Roci et de son équipage.
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