Il s’est dit beaucoup de choses sur le mouvement MeToo, sur les agressions, le harcèlement… mais aussi sur les « bons gars », ceux qui donnent l’impression de vouloir venir en aide aux femmes dans le besoin, afin de mieux en profiter et commettre eux aussi l’irréparable. Dans un film mêlant le drame, la vengeance et ce qui a tous les aspects d’une comédie romantique, Promising Young Woman met en scène une Carey Mulligan particulièrement en forme.
Cassandra avait l’avenir devant elle. Jeune femme brillante, elle se destinait à une grande carrière en médecine. Voilà pourtant qu’elle abandonne ses études, se retrouve serveuse dans un café, vit encore chez ses parents. Ses parents qui n’en peuvent plus, d’ailleurs, et désespèrent de la voir d’abord trouver un « bon garçon », puis enfin quitter le nid familial.
Cassandra n’a plus vraiment l’avenir devant elle, mais elle cache un secret: le soir, elle se rend dans les bars et fait semblant d’être complètement saoule, dans le but d’attraper un « bon gars », qui l’amènera chez lui pour généralement tenter de la violer. C’est alors que la jeune femme, tout à fait sobre, lui fera subir des sévices dont nous ignorons la teneur, mais qui ne sont certainement pas agréables.
Avec cette vision des « bons gars », ces « preux chevaliers en armure » qui prétendent être meilleurs que les « simples violeurs », le réalisateur et scénariste Emerald Fennell explore un aspect des violences sexuelles envers les femmes qui est souvent laissé dans l’ombre, les films du genre portant plutôt sur les grosses brutes ou sur les personnes qui sont irrémédiablement corrompues par des envies criminelles, et au diable soit le consentement.
Non, cette fois, il semble exister une certaine zone grise. Non pas nécessairement du côté des gestes posés, qui demeurent tout à fait abjects, mais plutôt du côté des intentions, de ce vernis de civilisation dont certains agresseurs daignent se parer pour se donner bonne confiance.
Le film progresse donc, entre scènes de violence envers ces hommes qui se croient tout permis, et dont les gestes sont rapidement oubliés par une société masculiniste, et séquences où Cassandra semble tenter de retrouver une vie normale, après avoir été victime d’un important traumatisme, il y a déjà tant d’années.
Cet accord tient relativement bien la route, sauf peut-être à la toute fin du film. Non pas qu’il est ici l’occasion de gâcher le scénario du long-métrage, mais les dernières minutes semblent tenir davantage du drame un peu plus consensuel que de l’expiation quasiment jouissive, inattendue et violente à laquelle les 100 précédentes minutes nous ont habitués.
Promising Young Woman est donc un long-métrage qui apporte un vent de fraîcheur, si une telle expression peut bel et bien être employée dans un contexte si… particulier, mais ce ralentissement à la toute fin l’empêche d’être un film que l’on souhaitera donner en exemple lorsque vient le temps de réinventer le septième art.