Les gigantesques feux de forêt et de broussailles de 2019 et 2020 en Australie, un événement surnommé « l’été noir », sont un « réveil draconien » démontrant les effets extrêmes des changements climatiques dans ce pays-continent, selon un groupe d’experts qui a publié une nouvelle étude se penchant sur les facteurs ayant provoqué cette catastrophe.
Ces travaux concluent que l’amélioration des méthodes employées pour s’adapter à l’accroissement maintenant inévitable des risques d’incendies en Australie, tout en mettant urgemment en place des efforts de mitigation des changements climatiques à l’échelle mondiale, est la meilleure stratégie pour éviter que les risques de feux ne deviennent trop importants.
Selon les auteurs, dont les travaux ont été publiés dans Communications Earth & Environment, des catastrophes naturelles comme l’été noir sont empirées par les changements climatiques d’origine humaine, et ce de plusieurs façons: certaines sont très bien comprises, et certaines autres nécessitent des études supplémentaires. Ces impacts combinés des changements climatiques signifient, disent les chercheurs, que les feux devraient même devenir plus graves dans le sud-est de l’Australie.
Au dire de la principale auteure de l’étude, la professeure Nerilie Abram de l’Université nationale australienne (ANU), les deux de l’été noir étaient d’une ampleur et d’une puissance sans précédent, et cela sans compter le nombre d’incendies qui sont devenus des événements pyrocumulonimbus extrêmes, soit des feux excessivement dangereux qui produisent leurs propres éclairs.
« Peu de temps avant l’été 2019-2020, plusieurs régions du sud-est de l’Australie traversaient une grave sécheresse depuis déjà trois ans », a ajouté la professeure Abram.
Un climat qui change… pour le pire
« 2019 fut notre année la plus chaude et la plus sèche. Ces circonstances climatiques ont créé des zones combustibles qui ont favorisé la destruction des terres par le feu, ainsi que des conditions météo qui ont permis aux incendies de prendre rapidement de l’ampleur. Nos nouveaux travaux soulignent les preuves concrètes selon lesquelles le climat du sud-est de l’Australie a changé, et que ce type de météo propice aux incendies devient plus fréquent, plus long, et plus dangereux. »
Pour la professeure Abram, si cela fait plusieurs décennies que des scientifiques mettent en garde contre le fait que le réchauffement climatique ferait empirer les risques d’incendies dans le pays, l’été noir est la démonstration claire de ce à quoi ressemblera l’avenir.
La plus récente étude prouve d’ailleurs que les prédictions effectuées il y a 10 ans, à propos des risques d’incendies accrus d’ici 2020, semblent s’être réalisées.
Les travaux font aussi suite à une lettre ouverte, publiée au pire de l’été noir et signée par plus de 400 experts en climat et en incendies de partout dans le monde, qui mettait en garde contre l’impact des changements climatiques sur les risques de feux de broussailles en Australie.
« Lorsque nous envisageons l’avenir, nous voyons que le sud-est de l’Australie continuera de se réchauffer en raison des changements climatiques provoqués par l’être humain. En plus de cela, les changements climatiques modifient les tendances en matière de variabilité climatique; nous pouvons donc nous attendre à ce que les années soient plus souvent chaudes et sèches. »
« En tenant compte de possibles hivers qui seraient eux aussi plus secs et d’autres facteurs, le risque d’incendie ira en augmentant très rapidement, ce qui provoquera des feux de broussailles encore plus catastrophiques que nous avons vus jusqu’à maintenant. »
La solution? Très rapidement réduire les émissions polluantes pour renverser cette tendance catastrophique, juge Mme Abram.