Originalement paru sous le nom de Parallèle, la saga de science-fiction en quatre volumes de Philippe Pelaez et Laval NG a maintenant droit à une réédition en deux tomes chez Drakoo, rebaptisée Alter.
Lors de la guerre mondiale de 2070, l’explosion de mégabombes magnétiques a causé une anomalie physique inattendue, qui a « dissocié » notre réalité et créé une deuxième Terre, évoluant en parallèle de la nôtre. Ce n’est que douze ans plus tard, alors que des vaisseaux ont été envoyés dans l’espace pour trouver une nouvelle planète habitable, que le phénomène a été constaté quand, s’engouffrant à leur insu dans une faille à proximité de Jupiter, l’équipage du Hybris s’est retrouvé dans une version alternative (et hostile) de notre monde, où une apocalypse nucléaire et biologique a transformé l’humanité en zombies. À mesure que le temps avance, la scission devient de plus en plus instable, et les passages permettant de passer d’une dimension à l’autre se multiplient, autant dans le cosmos qu’au beau milieu des villes comme New York. L’un de ces univers finira inexorablement par avoir le dessus sur l’autre, mais lequel des deux l’emportera?
Si l’on se gratte souvent la tête devant les histoires de paradoxes temporels, imaginez qu’on y ajoute une dimension alternative où le temps ne s’écoule pas au même rythme, ainsi que plusieurs itérations des mêmes protagonistes pour compliquer encore un peu plus les choses, et vous aurez une idée du genre de récit alambiqué et agréablement complexe que propose Alter. Relatant la découverte de cette deuxième Terre par l’équipage du Hybris, le premier album était assez linéaire, mais ce second tome, intitulé Ceux qui restent, s’avère beaucoup plus éclaté puisque, en entrant en collision, les deux univers produisent des réalités concurrentes. Il n’est donc pas évident de se retrouver à travers les méandres tortueux de l’intrigue, mais c’est justement ce qui fait le charme de cette bande dessinée de science-fiction, et non pas ses personnages stéréotypés ou ses scènes d’action assez classiques.
Avec ses lignes d’encrage laissant transparaître les crayonnages au plomb et une coloration très organique à l’aquarelle où l’on sent les coups de pinceau, les illustrations de Laval NG dans Alter sont à la fois dynamiques et élégantes. L’artiste présente souvent une même scène se déroulant dans des dimensions parallèles sur deux pages côte à côte, et il vaut la peine de prêter attention à ses cases, qui fourmillent de petits clins d’œil à la culture populaire, dont une boîte de conserve « Warhol Cheese » de la marque Campbell ou une moto prenant son envol devant une affiche de la pleine lune, une référence à la fameuse scène d’E.T. the Extra-Terrestrial. L’album se termine sur une chronologie des différentes méthodes employées pour mesurer le passage du temps à travers les âges, ainsi qu’une entrevue avec un scientifique fictif abordant la relativité temporelle.
Épuisement des ressources, voyage dans l’espace, univers parallèle, mécanique quantique et paradoxes temporels, Alter reprend plusieurs grands thèmes de la science-fiction pour y injecter sa propre personnalité, et on ne peut que remercier les éditions Drakoo d’avoir donné une deuxième vie à cette série, malheureusement peu connue.
Alter, tome 2 : Ceux qui restent, de Philippe Pelaez et Laval NG. Publié aux éditions Drakoo, 96 pages.
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