Le 21 décembre est la journée la plus courte de l’année. S’agit-il aussi du début de l’hiver? Le Détecteur de rumeurs fait le tour d’une question pas aussi simple qu’elle en a l’air.
Comme chacun sait, pendant l’automne, la durée du jour diminue progressivement, pour atteindre son minimum au moment du solstice. Cette journée, généralement le 21 décembre, symbolise le début de l’hiver dans plusieurs cultures de l’hémisphère nord. Et l’inverse se produit six mois plus tard: la journée la plus longue est généralement le 21 juin, jour du solstice d’été dans l’hémisphère nord.
L’hiver astronomique
Le concept du solstice repose sur une définition astronomique des saisons. Celle-ci est basée sur deux caractéristiques de notre planète: son inclinaison d’environ 23° par rapport au Soleil et son orbite autour de celui-ci. Cette inclinaison, associée à la position de la Terre dans son orbite autour du Soleil, détermine quel sera l’alignement du Soleil au-dessus de l’équateur, ce qui en retour détermine la date des solstices (21 juin, 21 décembre) et des équinoxes (21 mars, 21 septembre).
Par exemple, le solstice d’hiver correspond au moment où le Soleil est au plus bas dans le ciel. L’inclinaison de la Terre a aussi pour conséquence que l’hémisphère nord reçoit moins d’énergie du Soleil. Tout cela cause des journées plus courtes et plus froides. En 2020, à Montréal, cela se produira le 21 décembre à 5h02.
La date où se produit le solstice d’hiver n’est toutefois pas toujours la même. Le solstice a ainsi eu lieu le 22 décembre, en 2011.
Avec le temps, on peut même observer un décalage entre le calendrier astronomique et le calendrier civil. En effet, la Terre met un peu plus d’un an à faire le tour du Soleil : 365,42 jours pour être précis. C’est pour éviter qu’un écart s’accumule que notre calendrier prévoit une journée supplémentaire (le 29 février) tous les quatre ans.
De plus, l’inclinaison de la Terre n’est pas parfaitement constante. Sur une période de 26 000 ans, l’axe se déplace en effet de quelques degrés. C’est peu, mais suffisant pour qu’au fil des siècles, la date du solstice d’hiver change. Par exemple, à l’époque romaine, il avait lieu vers la fin de notre mois de novembre.
L’hiver météorologique
Ces variations embêtent les météorologues qui, pour leurs statistiques comparant les températures d’une année à l’autre, aiment bien avoir une date fixe. Ils ont donc proposé une nouvelle définition des saisons en se basant sur le cycle des températures annuelles et sur le calendrier civil. « L’hiver météorologique » correspond ainsi aux trois mois les plus froids de l’année, c’est-à-dire décembre, janvier et février. Autrement dit, pour les météorologues, on est en hiver depuis le 1er décembre.
On notera que les mois où l’hémisphère nord est le moins exposé à la chaleur du soleil sont plutôt novembre, décembre et janvier. Ce décalage s’explique par le fait que le sol et les étendues d’eau de la planète emmagasinent l’énergie solaire pendant les mois précédents.
L’hiver climatologique
On pourrait éventuellement se retrouver avec une troisième catégorie: l’hiver climatologique. C’est qu’autant l’hiver météorologique que l’hiver astronomique posent problème pour les chercheurs qui étudient les changements climatiques.
C’est ainsi que certains climatologues ont proposé d’adopter une définition de l’hiver basée sur les « points de rupture », qui varierait selon l’endroit où on se trouve sur la planète. Par exemple, le moment où la température passe sous le point de congélation et provoque des accumulations de neige. Ou le début de la saison des moussons en Inde (juin). Cela permettrait, selon les défenseurs de cette idée, de mieux documenter l’évolution dans le temps des répercussions des changements climatiques — notamment sur la durée et la rigueur des hivers.
Cela pourrait aussi être utile pour certains secteurs de l’économie qui doivent planifier leurs activités en fonction de l’hiver. Par exemple, une ville ne peut pas utiliser seulement la définition météorologique de l’hiver si la neige commence dès novembre —ou, à l’inverse, si ses patinoires extérieures sont obligées d’ouvrir de plus en plus tard dans la saison.
Mais cette troisième définition n’a pas encore pris racine: pour l’instant, on trouve beaucoup d’écrits où « l’hiver climatologique » et « l’hiver météorologique » sont des synonymes.
Verdict
La mécanique céleste explique convenablement les changements de saisons, mais les statistiques de températures correspondent davantage à ce que vivent les habitants des contrées froides et enneigées.
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