La « noirceur des espaces infinis » n’est peut-être pas si noire qu’on le prétendait. Le cosmos est trop brillant pour qu’on le qualifie de complètement noir.
C’est du moins ce qui ressort des dernières mesures prises grâce à la sonde New Horizons, à 6,4 milliards de kilomètres, au-delà de l’orbite de Pluton. Dans un article pré-publié (à paraître dans l’Astrophysical Journal), une équipe d’astrophysiciens écrit que l’espace entre les étoiles n’est pas aussi noir qu’il devrait l’être, et qu’on ne sait pas trop pourquoi. Même en tenant compte de la (faible) lumière du lointain Soleil, et même en tenant compte des reflets de la lumière sur les grains de poussière interstellaire, l’espace « vide » serait deux fois plus brillant que prévu.
Peut-être cela signifie-t-il qu’il y a davantage de très lointaines galaxies que ce qu’on avait évalué, lesquelles contribueraient à ce « fond lumineux ». Ou peut-être que des trous noirs au centre de ces galaxies produisent une énergie supplémentaire. Plus prosaïquement, il pourrait aussi s’agir d’une erreur de mesure. Le calcul s’appuie sur sept images prises par New Horizons et ce n’est pas la première fois que de telles mesures de l’espace interstellaire arrivent à la conclusion qu’il est plus « brillant ». Mais ça reste un échantillon limité, et les physiciens évaluent le risque d’erreur à 5%, soit un sur 20.
La quantité de lumière « supplémentaire » dont on parle est de l’ordre de 10 nanowatts par mètre carré par stéradian. Interrogé par le New York Times, l’auteur principal de la recherche compare cela à l’équivalent de la lumière d’un frigidaire à près de 2 km.