Longtemps occultée des cours d’histoire de la population québécoise non-autochtone, la vie des Premières Nations sur le territoire québécois (et au-delà) trouve heureusement, depuis quelques années, une place plus importante dans la sphère publique. Dans ce contexte, Traces de mocassins, le deuxième tome de la série de romans graphiques de Louis Rémillard, arrive à point nommé.
Regroupant six nouvelles en format BD, l’album s’inscrit directement dans la foulée du Retour de l’Iroquois, la première partie de la trilogie parue quatre ans auparavant. On y suivait les péripéties d’un guerrier iroquois qui a passé un an en détention dans une prison française avant d’être libéré, porteur d’un message de paix.
Cette fois, ce sont les aventures de six personnages plus ou moins connus de l’histoire autochtone et blanche de la Nouvelle-France qui nous sont contées, avec une profondeur et une nuance qui est habituellement évacuée des récits des premières décennies d’installation des colons français dans ce qui deviendra le Québec.
Car voilà, on aura beau prendre le parti des Français (ou, plus tard, des Anglais), et de leurs alliés autochtones, il n’en reste pas moins qu’il n’y avait pas de « bon » ou de « mauvais » côté. Chaque camp a l’impression d’agir pour le bien, chaque camp tue, chaque camp fait preuve d’une violence parfois terrifiante. Chez les Autochtones, d’ailleurs, on lance des attaques surprises, on torture, on réduit des gens en quasi-esclavage… Idem chez les Français.
Heureusement, Rémillard ne s’en tient pas qu’aux violences, même si la vie au temps de la Nouvelle-France était tout sauf tranquille. Il aborde de façon intelligente et intéressante les systèmes de croyances, les structures sociales et diplomatiques et les modes de vie des Premières Nations, histoire de rendre le tout compréhensible pour un public qui n’a généralement jamais entendu parler de ce genre de choses.
Bien entendu, en offrant des explications étoffées des coutumes autochtones, on a parfois droit à des dialogues ampoulés, mais sans que la chose devienne insupportable.
Non, en présentant l’histoire autochtone de façon « réaliste », et ce dans un format accessible, Louis Rémillard accomplit un excellent travail d’historien et de vulgarisateur. Un travail plus que nécessaire, alors que l’on tente justement de combler le fossé entre les réalités des Autochtones et celles des non-autochtones.
Publié aux Éditions Moelle Graphik, Traces de mocassins est un ouvrage qui mérite amplement sa place dans les rayons de toute bonne bibliothèque qui se respecte.