L’égalité des chances économiques et la solidité des institutions démocratiques sont-elles garantes de la confiance des gens envers leurs voisins? Un grand sondage effectué par le Pew Research Center révèle que les pays sociaux-démocrates incitent à davantage de confiance envers les autres. Les pauvres et les jeunes sont toutefois plus méfiants.
L’enquête en question, effectuée auprès de participants vivant dans 14 pays à l’économie développée, a révélé qu’en moyenne, 62% des répondants estiment que leur prochain est digne de confiance. Cette proportion va de 86%, au Danemark, à seulement 43% en Italie. Au Canada, ce taux est de 71%, comparativement à 58% chez nos voisins américains.
En France (50%) et en Espagne (53%), la proportion est particulièrement faible; comme le précise le Pew Research Center, cette capacité de faire confiance à l’autre est liée, selon des études effectuées aux États-Unis, à la confiance accordée aux institutions démocratiques, à la participation communale et à la proportion de cas d’anxiété et de dépression qui sont rapportés par les citoyens.
Il n’est donc pas étonnant que dans plusieurs pays européens, particulièrement là où le contrat social a été mis à mal ces dernières années, la confiance envers l’autre soit basse. La France est aux prises avec une incertitude politique depuis l’élection d’Emmanuel Macron, qui a contourné le traditionnel clivage gauche-droite avant de se replier vers la droite, provoquant le mouvement des « gilets jaunes » et, plus récemment, les manifestations contre le projet de loi interdisant notamment de filmer des policiers dans l’exercice de leurs fonctions.
En Italie, les gouvernements n’ont jamais joui d’une longévité particulièrement importante, et là aussi, l’apparition de nouveaux mouvements politiques, comme là-bas le Mouvement cinq étoiles, a chamboulé les structures politiques.
En Espagne, la question de l’indépendance de la Catalogne continue de susciter de déchirants débats. Idem en Belgique (58% de répondants font confiance à leur prochain), où le clivage entre Wallons et Flamands a longtemps mené à une impasse politique et l’absence de véritable gouvernement.
Le cas sud-coréen, où la propension à faire confiance n’est là aussi que de 58%, détonne dans ce contexte. Aux États-Unis, du moins, la montée des tensions entre la gauche et la droite, avec quatre années de trumpisme et de pourrissement de la situation politique, économique et sociale peut expliquer la faible proportion de gens qui sont prêts à faire confiance à leur voisin.
Les jeunes contre les vieux?
Dans tous les pays examinés, les 18 à 29 ans sont par ailleurs moins portés à faire confiance aux autres, alors que cette proportion est parfois plus élevés de 10, voire 15 points de pourcentage pour les 30 à 49 ans, ou encore les 50 ans et plus.
L’enquête du Pew Research Center ne permet pas d’établir les causes exactes de cette différence, évoquant tour à tour des « différences générationnelles », ou encore le fait que les gens pourraient se montrer moins méfiants avec l’âge.
La question de la perception des inégalités sociales ou des défauts du système socio-politico-économique en place n’est toutefois pas abordée, alors que les plus jeunes ont généralement plus de difficultés à occuper un emploi payant, ou à pouvoir accéder à la propriété que leurs parents, et ce malgré une éducation habituellement plus poussée, notamment aux États-Unis et au Canada.
Le fait d’avoir effectué ou non des études supérieures vient d’ailleurs jouer sur la capacité à faire confiance, précise encore l’enquête du Pew Research Center. Là encore, la différence entre ceux ayant reçu moins d’éducation et ceux ayant complété une formation post-secondaire varie entre 5 et 20 points de pourcentage.
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