Neuf ans après la parution du grand succès Il pleuvait des oiseaux, Jocelyne Saucier publie un des romans les plus attendus de la rentrée littéraire automnale: À train perdu.
La pression devait être grande pour l’auteure suite au succès critique et public de son précédent roman. Couronné de plus de neuf récompenses à travers la francophonie, dont le Prix France-Québec, Il pleuvait des oiseaux a également remporté les éloges au dernier gala Québec Cinéma, grâce à l’adaptation de Louise Archambault. Est-ce que l’attente de presque une décennie en aura valu la peine? Certainement ! Saucier signe ici une œuvre tout aussi touchante, empreinte de nostalgie et de périples ferroviaires.
Dans son cinquième roman, l’auteure native du Nouveau-Brunswick nous raconte l’histoire de Gladys Comeau, qui par un bon matin de septembre, embarque dans le train du Nord à Swatiska, en Ontario, et disparaît. Qu’est-ce qui a poussé Gladys loin de sa fille et de sa vie tout entière? Alors que toute la communauté s’inquiète du sort de la toujours joyeuse Gladys, un narrateur livre au lecteur une chronique qui rapporte plus de quatre ans de recherches et de témoignages sur la disparition de la vieille dame.
Il y a toujours quelque chose d’apaisant lorsqu’on lit un roman de Jocelyne Saucier, même lorsqu’elle effleure le genre policier. En effet, pour la première fois l’auteur ajoute une touche policière à son roman grâce à l’enquête qu’entreprend le narrateur pour retrouver Gladys. Véritable page turner, Saucier aborde à travers l’enquête du narrateur, différents thèmes qui ne nous laissent pas indifférents et qui rappellent ses œuvres précédentes, tels les voyages, les rencontres, les souvenirs et la nostalgie. Par-dessus tout, l’univers qui gravite autour de celle qui est surnommée La femme de Swatiska est intrigant. On y découvre un monde du passé que très peu d’entre nous doivent connaître; une vie unique, qui a le mérite d’être racontée. C’est surtout en avançant dans notre lecture que l’histoire prend tout son sens et nous émeut.
Nous avons affaire ici à un roman d’une grande sensibilité, qui ne nous tombe pas des mains. Encore une fois, Jocelyne Saucier a la capacité de rejoindre un grand lectorat avec une oeuvre que je qualifierai ici d’universelle. Certaines vérités font parfois mal à lire, mais l’auteur est capable d’aller dans ce profond de l’humain, qui est parfois difficile de s’avouer à soi-même et aux autres.