Troisième et dernier tome de la série post-apocalyptique Silo, Générations, de l’auteur Hugh Howey, est à la fois une conclusion satisfaisante et une fin franchement frustrante à une trilogie douce-amère qui réussit à susciter l’espoir de voir éclore un monde meilleur, tout en montrant le visage le plus terrifiant de l’humanité.
Après avoir tourné la dernière page du dernier roman, la 535e, pour être précis, il est évident que l’espoir a toujours été le thème de la série Silo. L’espoir d’une vie plus juste, plus libre, et non pas une existence confinée dans l’un de ces terrifiants silos, ces ersatz d’humanité avec lesquels les cruels gestionnaires du silo 1, le silo central, jouent comme avec autant de pièces d’un jeu d’échecs planétaires. Un jeu déjanté, en fait, où le roi se trouve en plein milieu, entouré de dizaines de pions sur lesquels il a un droit de vie ou de mort.
Silo: générations, c’est une opposition entre le vieux monde et le nouveau, entre Donald et sa soeur, vestiges de l’ancienne humanité, qui sont aux prises avec le poids leurs décisions passées, et Juliette et ceux qui la suivent, cette femme courageuse qui s’est rebellée contre l’autorité en place, et qui est passée par la mort pour mieux renaître et guider son peuple vers le salut.
Difficile, dans tout cela, de ne pas voir des références pas toujours subtiles avec la religion catholique. Ou est-ce plutôt le judaïsme, avec Moïse, sa traversée du désert et la terre promise des élus, les enfants d’Israël? Il y a certainement quelque chose de particulièrement divin, ou plutôt quelque chose qui rappelle l’Ancien Testament et son dieu vengeur, avec cette série de décideurs qui ont déclenché l’Apocalypse pour protéger leur mode de vie, leur vision du monde.
Impossible, non plus, de ne pas penser à la série Fallout: non seulement parce que l’on y retrouve là aussi le thème central de la survie rendue possible grâce à la création d’abris souterrains contre la fin du monde, mais aussi parce que dans ces deux univers, un « sauveur » devra corriger les problèmes d’un monde parti à la dérive. Pourtant, rien n’oblige ce sauveur à effectivement être celui qui permettra d’en arriver à une fin heureuse. En un sens, les motivations des gestionnaires des silos se tiennent, si l’on tient compte de leur point de vue. Point de vue qui est tout à fait amoral, certes, mais la structure de pouvoir mise en place a posteriori, après la fin du monde, a du sens, ne serait-ce que pour assurer la survie de l’ensemble de cette société post-apocalyptique.
Voilà pourquoi, certainement, la série Silo attire l’attention. Une attention tout à fait méritée, non seulement en raison de la capacité de l’auteur à créer un monde vivant (malgré son existence dans un contexte post-apocalyptique), mais aussi parce que les personnages y sont tout sauf unidimensionnels. En cela, Silo: générations représente une apothéose plus que réussie.
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