Avec la parution de l’album numéroté AN 2 8795, le deuxième consacré aux Sonates pour violon et piano de Beethoven, par Andrew Wan et Charles Richard-Hamelin, on peut dire qu’Analekta envoie sur la glace son premier trio, ou son premier duo en fait.
Un duo dont la réputation des membres n’est plus à faire. Voilà déjà 12 ans que Wan est premier violon de l’Orchestre symphonique de Montréal et on le connaît aussi pour ses différents engagements à titre d’enseignant dans plusieurs écoles réputées. Quant à Richard-Hamelin, si tout un chacun est au fait des prix qu’il a remportés lors du Concours international de piano Frédéric Chopin à Varsovie, en 2015, tous ne savent pas qu’il accumule toujours les prix et les enregistrements.
Mentionnons tout de suite qu’avec cet album, ces deux virtuoses vont certainement allonger la liste de leurs succès. Leur complicité est évidente, mais c’est davantage une impression de complémentarité qui ressort de cette remarquable collaboration. Il en va souvent ainsi, quand la technique est parfaitement maîtrisée, les interprètes peuvent y mettre tout le cœur qu’ils ont envie du mettre et la musique de chambre de Beethoven est parfaite pour ça.
Puisqu’il est très difficile de trouver des défauts à ce travail de qualité, mentionnons quelques moments exceptionnels comme, lors de l’Allegro con spirito, de la Sonate op 12 no 3, 1 minute et 41 secondes après le début: Andrew Wan fait résonner son violon comme si c’était un violoncelle. Et il remet ça à plusieurs reprises durant ce même mouvement. Comment fait-il?
De façon peut-être moins remarquable, mais tout aussi intéressante, notons le premier mouvement de la Sonate pour violon et piano no 5 en fa majeur, op. 24, « Le printemps », dans lequel les interprètes ont su mettre une touche bien personnelle qui permet de redécouvrir cette œuvre si souvent entendue.
Enregistré en l’église Saint-Augustin de Mirabel, cet album a toutes les qualités techniques qui ne font (presque) jamais défaut aux publications d’Analekta. Soulignons donc le superbe travail du réalisateur et ingénieur du son Carl Talbot. Finalement, il est question ici de travail d’équipe et de passion. Ne nous en privons pas.