Si l’on peut raisonnablement espérer un vaccin contre la COVID-19 dans les prochains mois, rien ne garantit que la société, elle, se relèvera rapidement des impacts titanesques provoqués par ce nouveau coronavirus. Dans un récent rapport, le magazine spécialisé The Economist trace un portrait sombre, mais néanmoins optimiste, de la reprise économique à venir.
Premier phénomène à anticiper, prévient les spécialistes de l’Intelligence Unit du magazine, est la hausse des pertes d’emplois et des faillites. Déjà largement affaiblies par la baisse de la consommation, mais aussi par les risques de contamination et les ordres de confinements en vigueur un peu partout sur la planète, de nombreuses entreprises n’auront pas les reins assez solides pour tirer profit d’une relance qui s’annonce laborieuse, peut-on lire dans le rapport.
Le secteur financier, quant à lui, se retrouvera aux prises avec de nombreux prêts que leurs détenteurs ne pourront rembourser, faute de revenus, qu’il s’agisse de compagnies ou de particuliers. La valeur de ces prêts qu’il faudra possiblement radier pourrait dépasser, dans certains cas, les sommes mises de côté par les banques en cas d’imprévu.
Lueur d’espoir, peut-être, pour les tenants d’une société verte: plusieurs gouvernements, confrontés à la nécessité de relancer leur économie et de s’attaquer durablement aux changements climatiques, surtout devant la multiplication des catastrophes climatiques (incendies en Australie et en Californie, grand nombre d’ouragans, températures record année après année, etc.), devraient choisir de lancer une relance verte. Même des pays généralement particulièrement polluants, comme la Pologne, écrit The Economist, ont entamé la sortie des combustibles fossiles.
Au Canada, le gouvernement Trudeau dit travailler sur un plan vert de grande ampleur, mais tente présentement de ménager la chèvre et le chou, notamment avec des investissements pour fabriquer des piles pour voitures électriques, mais aussi pour relancer l’industrie pétrolière.
Aux États-Unis, la relance ne sera verte que si le candidat démocrate Joe Biden remporte la présidentielle du 3 novembre. Encore jeudi soir, lors du troisième et dernier débat entre M. Biden et le président sortant, Donald Trump, celui-ci a affirmé que l’énergie éolienne « tuait tous les oiseaux », et s’est toujours rangé du côté de l’exploitation débridée du pétrole et du gaz naturel.
De l’autre côté de la planète, les énergies vertes sont vouées à une forte croissance dans les pays asiatiques, notamment la Chine, bien que Pékin multiplie aussi la construction de centrales au charbon.
Feu vert à l’électrique
Comme corollaire au verdissement de l’économie, plusieurs pays, dont la France, ont déjà annoncé la fin de la vente de véhicules à essence d’ici quelques années. En Californie, le gouverneur démocrate Gavin Newsom a récemment fait savoir que l’État interdirait la vente de voitures à moteur à explosion d’ici quelques décennies, plaçant les grands constructeurs américains sur la sellette: il serait largement impensable, pour eux, de développer deux lignes de voitures, soit l’une pour la Californie, et l’autre pour le reste des États-Unis.
Plusieurs pays, dont divers États européens, vont aussi renforcer leurs incitatifs financiers à l’achat d’un véhicule électrique, écrit encore The Economist. La croissance des parts de marché du Vieux Continent sont ainsi appelés à surpasser celui de la Chine, avec 31% du marché des véhicules électriques en 2021, un bond de neuf points de pourcentage par rapport à 2019, comparativement à la Chine, qui occupera 45% du marché l’an prochain, en recul de sept points comparativement à l’année dernière.