En mai 2019, la compagnie Space X lançait sa première vague de satellites de télécommunication. Un an plus tard, la communauté scientifique continue de s’inquiéter des répercussions de cette nouvelle source de pollution lumineuse sur l’astronomie.
Du 29 juin au 2 juillet 2020 s’est tenu un atelier virtuel réunissant 250 astronomes, ingénieurs et opérateur de satellites. L’objectif : trouver des solutions aux ravages lumineux causés par les nombreux satellites qui envahissent l’espace.
C’est la compagnie Space X qui a lancé le bal en 2019 en envoyant en orbite 60 satellites dans le cadre du projet Starlink. Celui-ci a pour objectif de faciliter l’accès Internet partout dans le monde. Selon les experts interrogés en février dernier par la revue Science, la luminosité de ces satellites a pris par surprise les astronomes.
C’est que les satellites laissent derrière eux une intense trainée lumineuse. Ces halos flous masquent ainsi plusieurs pixels sur les images recueillies par les télescopes. L’Observatoire Vera C. Rubin au Chili, qui entrera en fonction l’an prochain, sera particulièrement affecté en raison de sa grande sensibilité, rapportait Science en août.
Les satellites dont l’orbite est inférieure à 600 km d’altitude sont toutefois peu visibles pendant la nuit, la Terre leur bloquant la lumière du soleil. Mais la situation est différente au crépuscule. Le Soleil est alors sous l’horizon, mais le satellite demeure illuminé par lui. Par conséquent, la recherche d’astéroïdes et l’étude des ondes gravitationnelles, des phénomènes qui doivent être observés en début de nuit, risquent d’être compliquées par tous ces satellites.
Et ce n’est que le début. Le projet Starlink vise à mettre en orbite une constellation d’au moins 12 000 satellites et pourrait se rendre jusqu’à 42 000. La compagnie Amazon prévoit pour sa part envoyer 3200 satellites dans le cadre du projet Kuiper et la compagnie OneWeb, 648. Les experts estiment que le nombre de satellites de télécommunication pourrait éventuellement atteindre 100 000.
La collaboration est de rigueur
La solution idéale, selon les astronomes : diminuer le nombre de satellites en orbite. Ce qui ne semble toutefois pas être une option pour l’industrie. Le rapport produit à la suite de l’atelier virtuel suggère quelques pistes pour, à tout le moins, réduire les effets négatifs des satellites.
Entre autres, ceux-ci ne devraient pas avoir une orbite supérieure à 600 km. Au-dessus, ils sont visibles pendant presque toute la nuit. Les scientifiques s’inquiètent d’ailleurs du lancement d’une constellation par OneWeb dont l’orbite sera de 1200 km.
Rendre les satellites plus sombres est une autre option. Les traînées seraient encore visibles, mais les logiciels de traitement d’image pourraient les effacer plus facilement. Le rapport suggère également aux astronomes de perfectionner ce type d’application.
Enfin, les opérateurs de satellites pourraient transmettre les informations orbitales de leurs engins aux astronomes, ce qui permettrait aux télescopes d’éviter certaines régions du ciel au moment opportun.