La population de la planète a soif de changement, et les dirigeants ont tout intérêt à écouter ces appels et à y réagir, estime l’ONU, dans un appel lancé aux gouvernements du monde entier, alors que la COVID-19 et la crise économique qui en découle perturbent un monde déjà au bord de l’éclatement.
Lors d’une allocution, vendredi, la Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de la personne, Michelle Bachelet, et le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, ont ainsi affirmé que le mécontentement actuel constaté dans plusieurs sociétés « reflétait l’impatience face au statu quo, ainsi qu’un fort désir de contribuer à un changement positif ».
Plus important encore, Mme Bachelet et M. Guterres ont souligné que la participation de tous, « y compris les plus vulnérables », est essentielle pour s’attaquer aux défis titanesques que devra surmonter l’humanité. Crise économique, pandémie, inégalités entre les riches et les pauvres, glissement vers la droite de plusieurs démocraties, changements climatiques… les écueils ne manquent pas.
Toujours selon Mme Bachelet, « seule la gouvernance la plus compétente, aux niveaux national et multilatéral, peut réussir à relever les défis auxquels le monde et toutes les nations sont aujourd’hui confrontés. Protéger et respecter le droit à la participation est une obligation légale de tous les États membres, mais c’est aussi un atout important des gouvernements, même s’il n’est pas toujours reconnu comme tel ».
Et cette participation doit inclure tous les groupes de la société, y compris les plus marginalisés, a-t-elle ajouté.
Ce sont d’ailleurs ces groupes marginalisés qui ont déclenché des émeutes contre la hausse du coût de la vie, dans plusieurs pays d’Amérique du Sud, ou qui ont manifesté pour réclamer plus de justice raciale, aux États-Unis, ou encore qui ont bloqué des voies de chemin de fer pour exiger une véritable réconciliation entre Autochtones et Allochtones, au Canada.
António Guterres, pour sa part, a déclaré que « la participation aux affaires publiques est un droit humain fondamental et un outil sous-utilisé pour améliorer l’élaboration des politiques ».
Droits menacés
Pourtant, les diverses sociétés sont sur une pente glissante, ont déploré les deux responsables de l’ONU.
« Un recul mondial des droits de l’homme a mis la participation sous les feux de la rampe. Nous voyons des lois répressives et des restrictions sur le travail des journalistes et des défenseurs des droits de l’homme, en particulier des femmes, qui se terminent souvent par un meurtre ou une prison sur de fausses accusations », a ainsi souligné le secrétaire général.
Sous couvert d’assurer la sécurité de la population, par exemple, des gouvernements abuseraient de certaines technologies de surveillance ou brimeraient les droits civiques, fragilisant d’autant la vie démocratique. Et ce phénomène s’est accéléré depuis l’éclatement de la pandémie de COVID-19, avec diverses mesures de confinement qui servent parfois d’excuses pour accentuer la répression.
« Dans toutes les régions, nous voyons les peuples autochtones et les minorités ethniques et religieuses marginalisés, exclus des décisions concernant l’économie, la fourniture des services vitaux auxquels ils ont droit, et les systèmes de justice et de police. Cela les enferme dans des cycles générationnels de services médiocres, d’emplois de mauvaise qualité, de systèmes judiciaires inadéquats et de police répressive et punitive, ce qui crée des griefs de plus en plus profonds et nuit à l’ensemble de la société », a renchéri Mme Bachelet.
Pourtant, les deux dirigeants onusiens sont clairs: « Aucun gouvernement ne peut se permettre d’ignorer ces puissantes demandes de changement », que ce soit de la part des jeunes, des femmes, ou encore des groupes marginalisés.