Le Yémen, le Soudan du Sud et la République démocratique du Congo, notamment, sont à risque élevé de famine en raison de la pandémie de COVID-19, et il est urgent d’agir, ont affirmé jeudi trois hauts responsables des Nations unies, lors d’une rencontre du Conseil de sécurité.
Le chef de l’humanitaire de l’ONU (OCHA), Mark Lowcock, le chef de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), Qu Dongyu, et le chef du Programme alimentaire mondial (PAM), David Beasley, ont lancé un cri d’alarme jeudi devant les membres du Conseil concernant la montée de l’insécurité alimentaire et le risque de famine dans plusieurs pays, rapporte l’ONU sur son site internet.
« Avant la COVID-19 (…) nous en étions arrivés au point où le risque de famine était confiné aux zones en conflit », a noté M. Lowcock, en lien avec la résolution 2417, adoptée par le Conseil en 2018, selon laquelle l’organisation internationale demande à être informée rapidement des risques de famine liés aux guerres.
Cependant, le déferlement du nouveau coronavirus a largement empiré les perspectives des populations déjà menacées par la faim. Ainsi, selon le rapport 2019 du Réseau mondial contre les crises alimentaires, 135 millions de personnes souffraient « d’insécurité alimentaire aiguë » avant l’éclatement de la pandémie. Cette année, ce nombre devrait doubler, pour atteindre 270 millions.
Toujours selon M. Lowcock, outre le Soudan du Sud et le Yémen, qui sont particulièrement inquiétants, la République démocratique du Congo doit elle aussi faire l’objet d’une attention spécifique. Dans ce pays d’Afrique centrale, ce sont 22 millions de personnes qui ne mangeraient que rarement à leur faim, soit le nombre le plus élevé au monde. Dans ce pays ravagé par des décennies de conflit, la COVID-19 est venue aggraver la situation.
Au Nigéria, le nord-est du pays est ravagé par la violence des groupes armés extrémistes non étatiques, qui sont largement responsable de l’augmentation des besoins humanitaires dans la région.
Dans le Sahel africain, c’est plus d’un million de civils, dont la plupart sont des agriculteurs ou dépendent de l’agriculture, qui ont été déplacé par des groupes violents et extrémistes. Au total, 14 millions d’habitants de la région sont menacés par la faim, le plus lourd bilan depuis une décennie, soulignent les Nations unies.
M. Lowcock demande aux pays membres du Conseil d’entamer des démarches pour s’assurer que les conflits en cours soient réglés de façon pacifique. Les 15 pays siégeant au Conseil sont aussi invités à faire pression pour que toutes les parties en conflit respectent le droit humanitaire, notamment pour éviter que les populations civiles souffrent de la faim.
« L’histoire prouve que même au milieu d’un conflit, la famine peut être évitée. Pour l’empêcher, nous devons agir. Et nous devons agir à temps pour faire une différence », a-t-il conclu. « Malheureusement, dans de trop nombreux endroits, le temps presse ».
Appel d’urgence contre la famine en République démocratique du Congo