À écouter les Jeux olympiques de Rio, les journalistes sportifs poussent leur excitation aux hurlements, quand ils n’interviewent pas les athlètes leur répondant du même champ lexical universel de performance. Le laboratoire Fauvesworks a été présenté le 11 août sur les planches de Zone Homa, en conformité à cet esprit bestial.
Avant même que la pièce commence, l’énergie de la foule avait du mal à se contenir dans cette salle comble. Le metteur en scène Guillaume Laurin et son assistant Jonathan Léo-Saucier étaient-ils connus? Le public aurait-il eu vent d’excentricités par rapport à ce « laboratoire »? Seul, anonyme et devant l’inconnu, n’est-elle pas la posture idéale pour écrire une critique sur « un objet théâtral au rythme lent racontant l’histoire d’un gang matriarcal protégeant radicalement son territoire », tel qu’annoncé dans la programmation?
Un cercle rouge ondulant est projeté sur une toile accompagnée de musique électronique d’ambiance. Puis, cette toile devient transparente découvrant la prestance de corps féminins. L’éclairage de Hugo Dalphond, la musique de Marc-Antoine Barbier et les costumes de Fanny Migneault-Lecavalier introduisent les « fauves » sur scène. Ces lionnes qui se déplacent d’un pas lourd sous leurs cheveux longs, qui s’arrêtent et qui guettent. L’une découvre son ventre rond, alors qu’une autre accueille la lumière sur ses seins nus.
Prise 2! Un trio tourne un documentaire dans la région. Leurs répliques comiques font place aux rires gras de l’assistance. Leurs péripéties introduisent un fil conducteur auquel un spectateur peut se rattacher. Par contre, leur activité qui consiste à capter ce qui se passe se trouve réduite au fait de filmer et de prendre des extraits sonores.
Dans une scène, les trois mâles assujettis à la bande de « fauves » se lancent ce qu’on croit être un ballon. Puis, ils le fracturent par terre ( au moment où un spectateur échappe et casse son verre ). Cantaloup, courge ou citrouille, ils ramassent les morceaux pour manger la chair.
Après une tentative hilarante d’allumer un feu après la pluie, le trio enduit dans l’obscurité devient la proie des trois mâles. Ils les battent et leur arrachent leurs vêtements. Les documentaristes sont-ils en train de se confondre avec leur sujet?
On a droit à une très belle scène où les « fauves » se font dorer au soleil, un instant magnifié par une musique d’ambiance. Cela nous amène à imaginer une tribu de morses sur la banquise, malgré leur tenue sport / hip-hop.
Un langage corporel mystérieux se développe entre les seins nus de l’une et le ventre à découvert de l’autre, dos à dos. Il s’agit d’un savoir à retransmettre que l’une transmet à sa « sœur » en faisant onduler son ventre. Cette dernière viole le preneur de son.
Garante d’un cycle, nature matriarcale oblige, la pièce se termine comme elle a commencé. Un cercle rouge ondulant est projeté sur une toile accompagnée de musique électronique d’ambiance. À la différence que la violeuse gonfle et dégonfle son ventre dans l’espérance de faire des vagues comme sa « sœur », suppose-t-on. Ou pour éventuellement découvrir un ventre de matriarche, peut-on supposer.
Les interprètes sont les suivant(e)s : Fanny Migneault-Lecavalier, Jeanne Roux-Côté, Joanie Martel, Patrick R. Lacharité, Christophe Payeur, David Strasbourg, Natacha Filiatrault, Jean-Carl Boucher, Maxime Brillon et Gabriel D’Almeida Freitas.
Zone Homa se déroule du 19 juillet au 27 août à la maison de la culture Maisonneuve.