On l’attendait depuis plusieurs semaines; il frappe comme une tonne de briques. Mais si les quatre membres du groupe All Them Witches sont effectivement capables de donner dans le gros rock sale qui décape, leur plus récent album, Nothing as the Ideal, fait aussi la part belle aux mélodies plus douces, voire aux échappées psychédéliques qui confirment le statut de d’excellence de la formation.
Au diable la pandémie, ce n’est pas cela qui arrêtera nos quatre gars de Nashville. Impossible, toutefois, de ne pas déceler la présence malsaine, l’ombre, l’influence néfaste de cette COVID-19, notamment dès les premières mesures de Saturnine & Iron Jaw, la pièce qui ouvre ce nouveau disque. Sons étranges, cloches qui résonnent… on se croirait dans un monastère déserté où rôdent des créatures diaboliques.
Soudain, quelques accords de guitare; un son plein, chaleureux, rassurant. Mais voilà que les cordes s’emballent, que la batterie se joint aux réjouissances, et c’est parti: voici All Them Witches dans toute leur splendeur. Cette guitare électrique pesante qui résonne, qui résonnerait jusque dans nos tripes s’il était possible de voir le groupe dans une salle de concert. Et ces voix! Ces voix un peu graveleuses, parfois fantomatiques, mais qui font aussi peser chaque syllabe.
Sans y penser, on hoche la tête en rythme avec les sonorités qui sortent des hauts-parleurs, ou qui résonnent directement dans notre tête.
Le voyage auquel nous confie All Them Witches en est à la fois un d’initiation et un d’endurcissement. Initiation, d’abord, puisque si le groupe a beau maintenant compter six albums studio, nul besoin de se plonger dans les précédents disques pour saisir l’essence; l’essentiel peut être directement saisi ici, sans se poser de question.
L’endurcissement, ensuite, est destiné aux habitués. Ceux qui ont parcouru non seulement les albums studio, mais peut-être, aussi, les albums en concert, voire les créations plus exotiques du groupe. Ici, vous découvrirez ou redécouvrirez un groupe qui est non seulement capable de se renouveler, mais d’explorer plus avant ses propres pensées pour proposer de la musique réfléchie, sans toutefois tomber dans la création trop hermétique.
On aime franchement être déstabilisé par certains accords, par des bruits qui surgissent ici et là, par ces riffs qui semblent éternellement s’étirer.
Nothing as the Ideal n’est certainement pas un album simple. Mais ce n’est pas non plus un album obtus, ou encore volontairement abscons. Il s’agit plutôt d’une oeuvre à découvrir en plusieurs écoutes, en consacrant réellement du temps à cette création musicale franchement très réussie. À écouter, mais surtout à savourer.
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