Si les habitants de Dubaï ne peuvent pas s’y perdre, le labyrinthe de 200 mètres de haut encastré dans la façade d’un gratte-ciel décore la ville d’un jeu de lumière. Créateur de plus de 700 labyrinthes, Adrian Fischer s’est confié à El Pais, le 10 août.
Les labyrinthes ont toujours occupé une place mystérieuse dans notre imaginaire, pensons aux films Labyrinth ( 1986 ) réalisé par Jim Henson mettant en vedette le défunt David Bowie, ou El laberinto del fauno ( 2006 ) réalisé par Guillermo del Toro. Symbole du parcours tortueux jusqu’aux cieux, ou jusqu’à l’intérieur de chacun de nous, piège pour les esprits ou méthode de protection, le plus fameux des labyrinthes doit être celui se trouvant en Crète, habité par la créature du Minotaure au centre et où Icare a essayé de s’échapper avec ses ailes de cire. Ailleurs, Alice s’y est perdue dans le pays des merveilles, et on y a semé Jack Nicholson dans le film The Shining ( 1980 ) réalisé par Stanley Kubrick.
Si sortir d’un labyrinthe n’est pas évident, le dessiner l’est encore moins. L’inventeur des labyrinthes contemporains, le Britannique Adrian Fisher est récipiendaire d’un septième record Guinness pour avoir encastré un labyrinthe sur la surface d’un gratte-ciel de 57 étages, Al Rostamani Maze Tower, à Dubaï. Combiné à l’installation d’un système d’éclairage en plusieurs couleurs avec les LED de l’entreprise espagnole Grupo MCI, l’immeuble projette des arabesques intrigantes contre l’obscurité du ciel.
Adrian Fisher a aménagé son premier labyrinthe, enfant, dans le jardin de son père dans le sud de l’Angleterre. « J’étais intrigué, je voulais en visiter d’autres, mais il y en avait peu dans les années 1970 », explique-t-il à El Pais. « Alors, j’ai commencé à recevoir des commandes pour créer des labyrinthes, dont celui pour le National Trust inauguré par l’Archevêque de Canterbury, à la tête de l’Église anglicane ». À partir de ce projet, il a reçu de plus en plus de demandes qui se dénombrent à plus de 700 labyrinthes aujourd’hui, dans 35 pays.
À force de voyager et de s’initier à diverses cultures, Adrian Fisher a développé « une vision tridimensionnelle lui donnant la capacité de visualiser des labyrinthes ». À Liverpool, il a conçu un projet sur le thème des Beatles incluant un sous-marin de 18 tonnes. Selon lui, un labyrinthe est l’œuvre d’art la plus grande que l’on puisse imaginer s’inscrire dans un paysage, une forme de land art confectionné avec divers matériaux. « Chaque labyrinthe est unique et est conçu en collaboration avec le client », affirme M. Fisher.
Il n’existe pas de studio dédié au design de labyrinthes, d’autant plus que les aspects dominants de leur élaboration sont hétéroclites conjuguant des questions d’horticulture, de structure et de technique. Adrian Fisher pense que chacun d’entre nous aime se sentir un peu perdu, ne pas avoir toutes les réponses et emprunter les chemins possibles jusqu’au point où la désorientation cesse d’être divertissante.
Qu’est-ce qui se passe si un visiteur n’arrive pas à trouver la sortie ? « Une étape du design consiste à calculer combien de temps va durer la visite moyenne afin que personne ne se perde à jamais », répond le créateur.