Un grand nombre de poumons supportent mal le séjour qu’ils doivent subir à l’extérieur du corps, avant une greffe, au point d’empêcher certaines transplantations. Une équipe américaine présente une technique qui, dit-elle, permettrait de « guérir » ces poumons.
Lors d’une transplantation, les poumons se dégradent plus rapidement que les autres organes. Les médecins estiment que pas moins de 80% ne pourront pas être utilisés parce qu’ils sont trop endommagés. La nouvelle technique, décrite dans Nature Medicine, consiste à relier tout d’abord les poumons à un respirateur, et à ensuite les connecter à une veine dans le cou d’un porc. Cela leur permet de recevoir le soutien nécessaire qu’un corps vivant peut offrir — circulation sanguine, filtration rénale ou régulation hormonale. Après 24 heures branchés à ce système, les 6 poumons testés — obtenus de patients en état de mort cérébrale — étaient à nouveau viables.
L’animal doit recevoir au préalable des médicaments immunosuppresseurs pour éviter que son système immunitaire ne s’attaque aux poumons.
Si ces résultats se confirment à plus grande échelle, ils signifient qu’il serait possible d’augmenter le nombre de poumons qui sont en assez bon état pour être transplantés. Au Québec, en 2019, 59 personnes étaient en attente d’une greffe de poumons, le temps d’attente moyenne étant de 280 jours. Selon les scientifiques américains, doubler la proportion de poumons utilisables pourrait faire disparaître ces listes d’attente. C’est d’autant plus important que la pandémie de COVID-19 pourrait faire grimper la demande, certains patients gravement atteints pouvant avoir besoin d’une greffe.
Inspiration à Toronto
Les chercheurs américains ont en fait amélioré une méthode développée à Toronto en 2008, la perfusion des poumons ex vivo. Traditionnellement, lors d’une transplantation, l’organe est gardé sur la glace pour ralentir le métabolisme et ainsi, éviter la mort des cellules. Cette situation ne peut toutefois pas être prolongée au-delà de huit heures.
La perfusion ex vivo repose sur l’idée de placer les poumons à la température normale du corps tout en les alimentant avec un liquide contenant de l’oxygène, des protéines et d’autres nutriments. Des poumons ont ainsi pu être préservés jusqu’à 20 heures à l’extérieur du corps. En 2017, une étude publiée dans The Lancet, démontrait que les patients qui avaient reçu des poumons conservés par cette méthode s’en tiraient aussi bien que ceux dont les nouveaux poumons avaient été gardés sur la glace.
Grâce à cette méthode, les activités de transplantation de poumons à l’Hôpital général de Toronto ont augmenté de 30%, et ce, même si le nombre de donneurs est demeuré stable.
La technique ne permet toutefois pas de sauver les poumons endommagés. Pour vraiment guérir, les poumons ont besoin d’un corps et de temps.
Brancher les poumons sur un porc permet d’amener la technique à un autre niveau, puisque ceux-ci peuvent respirer jusqu’à 4 jours, ce qui leur laisse le temps de guérir. Éventuellement, les chercheurs américains croient que le poumon à transplanter pourrait être connecté au receveur lui-même, si son état le permet.
Les femmes à la tête des pays, meilleures pour freiner la pandémie?