Qu’ils soient démocrates ou républicains, une chose est sûre: la vision des Américains à propos de la Chine n’a cessé de se dégrader, surtout depuis l’éclosion de la pandémie de COVID-19, révèle une nouvelle étude du Pew Research Center. Une forte majorité de répondants estime d’ailleurs que la mauvaise gestion de la crise par Pékin est à blâmer pour l’impact de la maladie dans le monde et plus spécialement aux États-Unis, où l’on compte plus environ 160 000 morts.
Selon les résultats du sondage, 73% des Américains ont ainsi un avis négatif par rapport à l’Empire du Milieu, soit un bond considérable de 26 points de pourcentage depuis 2018. Depuis le mois de mars de cette année, uniquement, le taux s’est accru de sept points, en plus de l’impression quasi-généralisée que la Chine a mal géré l’éclatement de la pandémie.
De fait, 64% des répondants jugent que Pékin a mal réagi à l’apparition de la maladie, et environ les trois quarts (78%) imputent à la Chine, et à sa gestion de l’éclatement de la crise dans la ville de Wuhan, la responsabilité du fait que la planète est aujourd’hui dévastée par cette maladie qui a contaminé plus de 18 000 000 de personnes et en a tué près de 700 000.
La confiance envers le président chinois à vie, Xi Jinping, pour bien agir afin de garantir la bonne marche des affaires de la planète, a aussi pris du plomb dans l’aile: 77% des participants à l’étude ont peu ou pas du tout confiance en lui, en hausse de six points de pourcentage depuis mars, et de 27 points depuis un an.
Plus généralement, les Américains ont un avis négatif sur les relations entre Washington et Pékin. Environ 7 personnes sur 10 (68%) pensent que les liens économiques entre les deux superpuissances sont fragilisés, une augmentation de 15 points depuis mai de l’an dernier, à l’époque où la guerre commerciale entre les deux pays continuait de s’accélérer.
Environ le quart des répondants (26%) pensent que la Chine est carrément l’ennemie des États-Unis, soit près du double de la proportion des participants qui avaient la même opinion en 2012. Plus de la moitié des participants à l’étude (57%) croient que la Chine est un concurrent de l’Amérique, alors que seulement 16% des gens voient plutôt Pékin comme un partenaire.
Parallèlement, les répondants souhaitent que Washington en face davantage pour « punir » Pékin en raison de son traitement des minorités, par exemple, y compris les Ouïghours, des habitants de l’extrême-ouest de la Chine de confession musulmane. Ceux-ci vivent désormais dans une société ultrasurveillée, et plusieurs organisations de défense des droits de la personne font état de camps de rééducation, d’emprisonnements sans procès, voire de stérilisation forcée des femmes, quand il ne s’agit pas carrément d’exécutions. Les autorités chinoises ont aussi détruit des cimetières et des mosquées. Quelque 73% des Américains veulent que leur pays se montre plus ferme sur la question de la défense des droits, alors que 23% pensent plutôt qu’il faut resserrer les liens économiques, quitte à ne pas poser de questions sur d’autres sujets.
Perspective électorale
Dans le contexte de l’élection présidentielle américaine, qui doit avoir lieu le 3 novembre, les critiques envers la Chine prennent un nouveau sens. En effet, les républicains sont beaucoup plus portés à décrier la gestion de la pandémie par Pékin, alors que l’administration Trump et plusieurs gouverneurs républicains sont vivement critiqués pour leur propre gestion de la crise, qu’il s’agisse de l’absence de stratégie de dépistage nationale, la lenteur avec laquelle les ressources médicales et sanitaires ont été rendues disponibles, la quasi-absence de soutient financier pour les travailleurs ayant perdu leur emploi en raison de la pandémie, l’empressement à rouvrir les commerces, les restaurants et les bars, qui a mené à multiplication explosive des cas de contamination, ou encore l’opacité dans la diffusion des données de santé publiques pourtant essentielles pour mieux comprendre la progression du virus.
Les républicains cherchent-ils à faire porter le chapeau à la Chine pour sauver la face? À la vue des sondages électoraux, cependant, cette stratégie de déresponsabilisation de l’administration Trump ne semble pas vraiment fonctionner, le président sortant tirant de l’arrière de plusieurs points de pourcentage par rapport à son adversaire, Joe Biden.
À sept mois de la présidentielle, l’Amérique est plus divisée que jamais