Confrontée à des attaques sans précédent de la part de l’actuel président américain, Donald Trump, contre la liberté de presse, Reporters sans frontières (RSF) en appelle aux deux adversaires en vue de la présidentielle de novembre, républicain comme démocrate, d’adopter huit recommandations pour assurer que les journalistes pourront faire leur travail sans entraves au lendemain de l’élection.
Comme le mentionne l’organisation dans le document contenant les recommandations en question, l’effritement de la liberté de presse ne date pas de l’arrivée au pouvoir de M. Trump; voilà plusieurs décennies, affirme-t-on, que le phénomène prend peu à peu de l’ampleur, notamment avec la disparition accélérée des revenus publicitaires, en raison du passage au numérique et à la place titanesque occupée par Facebook, Google et consorts.
Le premier mandat du président Trump aura cependant marqué un tournant plus qu’inquiétant, note RSF, alors que le locataire de la Maison-Blanche n’a pas hésité à multiplier les attaques contre la presse, notamment en se moquant du handicap d’un journaliste, en affirmant qu’une journaliste de Fox News était négative parce qu’elle avait ses règles, ou encore en soutenant, depuis quatre ans, que la plupart des médias sont des colporteurs de « fausses nouvelles » qui déforment la réalité.
Pire encore, Donald Trump réitère que les médias sont « l’ennemi du peuple ». Cela a-t-il contribué à des attaques meurtrières contre des journalistes américains? Impossible d’établir un lien direct, mais l’ambiance est particulièrement mauvaise aux États-Unis pour certains journalistes depuis l’élection du bouillant magnat de l’immobilier.
Dans un document publié la semaine dernière, RSF propose donc une série de recommandations, dont la première serait mise en place immédiatement après l’élection du prochain président, qu’il s’agisse de Donald Trump, ou encore de Joe Biden, le candidat présumé des démocrates. « Le président devrait s’adresser au public, dans les 100 jours suivant sont entrée en fonction, pour réaffirmer son engagement envers la liberté de la presse », suggère l’organisation, en précisant que le chef de l’État devrait non seulement promettre de défendre cette liberté, normalement garantie par le premier amendement de la Constitution américaine, mais aussi d’en faire la promotion à l’étranger.
Parmi les autres idées mises de l’avant par RSF, il est question d’ajouter des protections pour les journalistes, notamment de faire adopter une loi protégeant les reporters pour éviter qu’ils ne soient forcés de révéler l’identité de leurs sources, y compris devant les tribunaux.
On appelle également à réformer l’Espionage Act, dont les dispositions actuelles permettent, dans certains cas, de poursuivre des journalistes, notamment si ceux-ci dévoilent des informations jugées « secrètes »; à adopter une position plus ferme, à l’international, pour dénoncer les crimes envers les journalistes, et oeuvrer à la libération des reporters emprisonnés un peu partout sur la planète, ou encore renforcer les normes en matière de transparence, d’imputabilité et de lutte contre les contenus extrémistes sur les plateformes numériques, comme Facebook et Twitter, par exemple.
Un Donald Trump « égocentrique » et qui « agit pour le pire »