Il y a des choses qui se trament, quelque part dans Charlevoix. Des choses qui se mangent, d’abord, mais aussi des choses qui se boivent. Et depuis peu, ces choses qui se boivent peuvent non seulement faire légèrement tourner la tête, mais aussi agréablement marier la pureté de l’alcool fort et la douceur du petit-lait.
La proposition surprend, d’abord: qui irait utiliser du petit-lait, un sous-produit de la fabrication de fromage, pour en tirer de l’alcool? C’est pourtant ce qu’a décidé de faire la Famille Migneron, déjà bien connue pour son fromage, et qui propose maintenant une eau-de-vie, la Charlevoyou.
« Dans l’univers de la fromagerie, nous avons toujours le résiduel à gérer; ce que l’on appelle le petit-lait », explique au téléphone Madeleine Dufour, celle qui a créé ce nouveau produit alcoolisé. « En fait, il y a différentes manières de le traiter, et nous sommes la première fromagerie à avoir distillé ce petit-lait, donc à avoir effectué des tests de fermentation pour créer un spiritueux. »
Et qu’est-ce cela goûte, au fait, de l’eau-de-vie à base de petit-lait? La première gorgée sera celle de la force de frappe de l’alcool. Un spiritueux à une concentration de 40% va réveiller les plus endormis. Mais au-delà de ce trempage de lèvres, au-delà de cet embrasement du gosier et de l’estomac, une fois que l’alcool aura fait son chemin, on goûtera sans peine ce goût lacté, cette présence du petit-lait, justement, sous la forme d’une douceur fort à propos.
Bien sûr, l’expérience peut aussi être variée en fonction de ce que l’on ajoute au verre. À le prendre straight, ou avec des pierres à whisky, le Charlevoyou saura réchauffer et faire effet rapidement. En y ajoutant de la crème légère, par contre, ou encore un sirop léger, l’ensemble évoque pratiquement une boisson dessert, du type de celles que l’on partagera en agréable compagnie.
Comme quantité d’autres entreprises, la Famille Migneron s’est retrouvée devant un « grand néant » lors de l’éclatement de l’urgence sanitaire, alors que le lancement de l’eau-de-vie était déjà planifié dans les succursales de la Société des alcools du Québec (SAQ) pour le mois de mars. Les démarches ont finalement été reportées à juin. La compagnie, elle, a pu maintenir ses activités pendant le pire de la pandémie, mentionne Mme Dufour, puisque l’activité principale demeure la fabrication de fromage.
Avis aux amateurs d’alcools et de nouveautés, d’ailleurs, l’entreprise prévoit lancer un deuxième alcool, cette année, toujours à partir du petit-lait résultant de la fabrication de son fromage. Après l’eau-de-vie, plus « pure », viendra le gin, un peu plus dirty, lance Madeleine Dufour. De quoi célébrer les produits d’ici!