L’une des premières personnes à avoir contracté le nouveau coronavirus aux États-Unis espère que son don de sang, riche d’anticorps, aidera à élaborer un traitement, alors que le virus a tué plus de 300 000 personnes à travers le monde, dont près de 100 000 dans son pays.
La Dr X a été testée positive au coronavirus à son retour, après une visite dans la capitale chinoise, Beijing, pour le Nouvel An chinois. Son frère était venu de Wuhan pour rejoindre la famille le 23 janvier. Si elle n’a développé que de légers symptômes, son frère et son père ont dû être hospitalisés là-bas.
La course est donc lancée depuis des semaines, rapporte Science, pour identifier les anticorps, ces protéines de défense que notre système immunitaire produit lorsqu’il est exposé à un agent infectieux. En Chine, le plasma sanguin provenant de patients remis de la COVID-19, qui contient donc des anticorps contre le virus, a été testé depuis février dans la région de Wuhan.
L’Université Vanderbilt et la compagnie biopharmaceutique AstraZeneca ont lancé de leur côté une recherche pour un traitement basé sur des anticorps capables de « neutraliser » l’infectiosité du coronavirus: en théorie, l’anticorps se lierait à la protéine qui permet au virus de pénétrer les cellules humaines. Lorsqu’un ou plusieurs anticorps auront été détectés, des cellules B productrices d’anticorps pourront être créées afin de fabriquer en grande quantité ces anticorps monoclonaux, destinés à traiter ou même prévenir la COVID-19.
Ce n’est pas la seule équipe engagée dans cette course. Certaines tentent de trouver l’anticorps neutralisant (le « neut ») dans le sang de survivants, d’autres essaient de le produire chez les souris, de réinventer un anticorps existant, ou même d’en créer un directement à partir de séquences d’ADN.
À l’instar de médicaments qui étaient déjà sur le marché et dont on teste l’efficacité contre ce virus, comme le remdesivir, des chercheurs sont optimistes quant au fait que les anticorps pourraient eux aussi prouver leur valeur, en attendant un vaccin.
Même si de nombreuses questions subsistent: « Quels sont les anticorps les plus efficaces contre le virus? Est-ce que cela sera plutôt un cocktail de deux, si oui, lesquels? », relève l’immunologiste Erica Ollmann Saphire de l’Institut d’immunologie La Jolla (États-Unis), qui mène un effort d’évaluation de ces candidats.
La compagnie pharmaceutique Regeneron, qui avait mis au point un cocktail de trois anticorps monoclonaux contre le virus Ebola, pourrait être l’une des premières à proposer un candidat pour les essais cliniques, aussi tôt que le mois prochain. Les anticorps monoclonaux sont des anticorps fabriqués spécifiquement pour combattre une maladie.
Peu d’anticorps monoclonaux contre les maladies infectieuses ont pourtant été commercialisés jusqu’à présent, contrairement aux anticorps contre le cancer et les maladies auto-immunes. Le cocktail contre Ebola a fait ses preuves dans une étude menée en République démocratique du Congo et pourrait être rapidement approuvé par la Food and Drug Administration des États-Unis.
Reste que de traiter des millions de personnes avec un tel traitement serait un défi de taille, car l’anticorps demeurerait difficile à isoler et onéreux à produire. Il faut le trouver, et convaincre les compagnies de collaborer entre elles pour en produire à grande échelle.
Non, la chloroquine n’est pas une solution contre la COVID-19