Il y a eu le roman graphique, d’abord. Il y a eu le film, ensuite. Il y a maintenant la série télé: décidément, l’univers de Snowpiercer, une transposition relativement littérale de la lutte des classes se déroulant à bord d’un train circulant constamment dans un monde post-apocalyptique, est suffisamment intriguant pour que les créateurs de contenus continuent de décliner la chose sous diverses formes. Et depuis cette semaine, c’est Netflix qui accueille cette série qui comptera au moins deux saisons.
Le principe de base est le même: à l’arrière du train, les pauvres, les laissés-pour-compte, ceux qui sont montés de force à bord du train de Wilford Industries, d’abord réservé aux riches et aux puissants, et qui devait permettre d’assurer la survie d’une certaine classe de la société. Et ailleurs, dans ce train de 1001 wagons, on trouve non seulement les passagers payants, mais aussi un appareil policier particulièrement répressif. Il faut assurer l’ordre, après tout, plaide-t-on.
Dans cette nouvelle déclinaison, histoire d’allonger un peu les choses – le film durait moins de deux heures, après tout –, les scénaristes ont ajouté plusieurs intrigues secondaires à la grande lutte des classes qui devrait néanmoins former la colonne vertébrale de la série. D’abord, les créateurs ont repris l’idée d’une troisième classe, plus privilégiée que les voyageurs de queue, mais coincés entre ces derniers et les riches de la première classe. L’idée avait été effleurée dans le roman graphique, mais laissée de côté dans le film, probablement pour des raisons de clarté.
Cette fois, cela permet notamment, dans les deux épisodes pour l’instant mis à la disposition des téléspectateurs, de revenir sur le passé d’Andre Layton (Daveed Diggs), le personnage principal, dont l’ex-fiancée se trouve justement dans cette troisième classe, et est soupçonnée d’être liée à une sombre histoire de meurtre et de cannibalisme sur laquelle Layton est justement « invité » à enquêter. Pour lui, c’est en fait une occasion d’espionner les wagons des « riches », histoire de continuer à préparer sa révolution. En attendant, il faut éviter de gâcher trop rapidement notre plaisir.
Notons aussi la présence de Jennifer Connelly, qui a bien sûr joué dans Labyrinthe et Requiem for a Dream, notamment. Ici, elle interprète Melanie Cavill, sorte de gestionnaire du train qui semble réserver bien des surprises…
Bien entendu, il est difficile de juger de l’efficacité ou de la pertinence d’une série en ayant visionné seulement deux épisodes. Et il est certain qu’après le roman graphique et le film, deux produits culturels qui se consomment relativement rapidement, et qui placent évidemment l’enjeu social principal au coeur de leurs préoccupations, ajouter des couches scénaristiques fait craindre un éparpillement. Pour l’instant, toutefois, Snowpiercer, la série, semble tenir le coup. Une opinion plus éclairée sera certainement formulée à la fin de la première saison…