Le multimilliardaire Michael Bloomberg, ancien maire de New York et candidat déclaré sur le tard à la course à l’investiture démocrate en vue de la présidentielle de novembre, aux États-Unis, a été la cible de bien des attaques, mercredi soir au Nevada, lors de sa première participation à un débat électoral.
M. Bloomberg, qui mène depuis plusieurs semaines une offensive médiatique particulièrement intense, engloutissant plus de 400 millions de dollars dans des publicités à la télé, à la radio et dans les journaux, mais aussi dans un nombre ahurissant de publicités sur les réseaux sociaux – 15 000 sur Facebook, au minimum, en plus de retenir les services d’influenceurs –, a dû répondre à bien des questions de la part des « vieux routiers » de la campagne, soit les sénateurs Bernie Sanders, Elizabeth Warren et Amy Klobuchar, l’ex-président Joe Biden et le maire Pete Buttigieg, notamment sur son utilisation d’une politique policière jugée largement discriminatoire lorsqu’il était maire de New York City.
Elizabeth Warren lui a aussi asséné un direct du droit en le questionnant sur ses ententes de confidentialité avec des femmes qui auraient allégué des comportements sexistes et du harcèlement de la part du magnat des finances. « Ce sont des femmes qui… qui n’ont probablement pas aimé certaines de mes blagues », a mollement rétorqué M. Bloomberg, suscitant les huées de la foule.
La joute verbale tenue à Las Vegas n’a toutefois pas uniquement porté sur M. Bloomberg. Les échanges ont semblé se cristalliser autour des divers plans sociaux et environnementaux des candidats, les sénateurs Warren et Sanders se faisant les défenseurs d’une action rapide pour lutter contre les changements climatiques, notamment en interdisant promptement toute fracturation hydraulique pour extraire du gaz naturel et du pétrole. Les deux mêmes candidats sont aussi d’ardents partisans d’un système de santé universel qui serait même plus étendu que le régime d’assurance-maladie actuellement en place au Canada et dans d’autres pays occidentaux, notamment le Royaume-Uni.
De leur côté Joe Biden, Amy Klobuchar et Pete Buttigieg sont plutôt favorables à une transition progressive vers une économie verte, notamment en utilisant le gaz naturel et la fracturation hydraulique comme « énergie de transition ». M. Buttigieg propose aussi un programme « Medicare pour tous… mais pour tous ceux qui le demandent », en opposition à « Medicare pour tous », l’idée vantée par Bernie Sanders et Elizabeth Warren.
Après quelques primaires où il a été impossible de réellement déterminer un gagnant – MM. Sanders et Buttigieg sont généralement arrivés au coude-à-coude en Iowa et au New Hampshire –, où le nom de M. Bloomberg n’était pas sur les bulletins de vote, et où la performance de M. Biden a été quasi-inexistante, le Nevada représente la première étape « majeure » du processus de nomination, où le nombre de délégués en jeu augmente considérablement. Suivront entre autres New York, la Californie, la Floride, et d’autres États essentiels, notamment lors du « Super Mardi », le 3 mars prochain.
Les divisions politiques continueront certainement de s’accroître, chaque candidat voulant se démarquer de ses autres adversaires. À neuf mois de la présidentielle, et devant un Donald Trump pouvant toujours compter une solide base électorale qui a été galvanisée par l’acquittement du président dans le cadre de son procès en destitution, impossible de savoir, pour l’instant, si les démocrates ne se battront pas jusqu’au dernier instant pour choisir un candidat. Celui-ci sera-t-il résolument campé à gauche? Sera-t-il plus centriste? Sera-t-il un milliardaire? Se revendiquera-t-il davantage des « gens ordinaires »? Les prochaines primaires contribueront à éclaircir un horizon toujours bouché et flou.
C’est le hasard, et non l’idéologie, qui alimente la polarisation politique