Devant la bonne marche de l’économie au pays de l’Oncle Sam, la protection de l’environnement devient soudainement un sujet prioritaire, révèle une nouvelle enquête réalisée par le Pew Research Center. Pour la première fois, approximativement autant d’Américains jugent que la défense de l’environnement est aussi importante que le renforcement de l’économie nationale.
Au dire de l’organisme américain, cette équivalence (environ 65% des Américains sondés sont en accord avec les deux propositions) est une première en près de 20 ans de sondages similaires.
De plus, si une courte majorité de répondants (52%) croient que la lutte contre les changements climatiques est urgente, ce taux est toutefois de 14 points supérieur à ce qu’il était il y a trois ans seulement. Aujourd’hui, cette prise du problème climatique à bras-le-corps correspond, en gros, aux sondés jugeant que le marché de l’emploi doit être amélioré (49%). Il y a trois ans, 68% des Américains jugeaient que le même marché de l’emploi devait être renforcé, comparativement à seulement 38% des gens croyant que la lutte contre les changements climatiques devait être la priorité du gouvernement américain.
Si l’amélioration de la perception de la situation économique est une bonne chose, justement, pour l’administration Trump et le président, qui fait campagne en vue de la présidentielle de novembre, l’accroissement des préoccupations environnementales représente une mauvaise nouvelle pour ce candidat républicain qui s’est empressé, depuis qu’il a pris le pouvoir, de déconstruire l’édifice réglementaire américain en matière de protection de l’environnement, qui était déjà passablement fragile. M. Trump a aussi annoncé le retrait des États-Unis de l’accord de Paris sur le climat, qui vise à limiter la hausse des températures moyennes en réduisant largement les émissions de CO2, en plus de s’attaquer aux normes touchant les ampoules, les toilettes et les lave-vaisselle, entre autres.
Le portrait du Pew Research Center est toutefois plus nuancé qu’il n’y paraît. Les avis des répondants à propos de l’urgence climatique varient ainsi largement en fonction des allégeances politiques. Depuis 2017, virtuellement toutes les augmentations du nombre d’Américains estimant que les changements climatiques devraient être une priorité pour le gouvernement ont été enregistrées chez les démocrates, peut-on lire dans le rapport. Malgré tout, des membres des deux principaux partis sont davantage portés à estimer que la protection de l’environnement devrait être prioritaire qu’il y a un an, bien que cela demeure bien plus importants pour les démocrates que pour les républicains.
Selon le coup de sonde réalisé du 8 au 13 janvier auprès de 1504 adultes américains, c’est en fait la protection contre les attentats terroristes qui est jugée comme la priorité absolue pour l’administration en place, selon 74% des répondants. Le sondage comportait 18 éléments à classer en ordre d’importance. On y retrouve aussi la dépendance aux drogues (50% jugent cette lutte prioritaire), le renforcement de l’armée (46% des répondants, mais avec une vaste différence entre les démocrates – 30% – et les républicains, à 66%), le contrôle des armes à feu (46%, avec 25% chez les républicains et 66% chez les démocrates), ou encore l’amélioration des relations entre les diverses communautés (44%, soit 30% chez les républicains et 57% chez les démocrates).
En ce qui concerne l’environnement, les répondants américains plus jeunes étaient bien davantage portés à juger que la crise climatique devrait être une priorité pour l’administration – 61% des 30 ans et moins le pensent –, comparativement à seulement 45% des 50 ans et plus.
Le président Trump pourrait se retrouver, en novembre, face à un candidat plus engagé sur le plan environnemental comme Bernie Sanders, qui propose de s’attaquer de front à la crise climatique. De quoi cristalliser encore plus la cassure entre la base électorale républicaine, principalement plus âgée, et les militants les plus actifs chez les démocrates, qui sont habituellement plus jeunes.
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