Les jeux sont-ils faits pour Joe Biden? L’ex-vice-président a de nouveau mordu la poussière, mardi soir, dans le cadre des primaires du New Hampshire, après de premiers résultats décevants lors des caucus de l’Iowa. L’un de ses principaux adversaires, Bernie Sanders, a lui terminé en tête dans le « Granite State ». « C’est le début de la fin pour Donald Trump », a clamé le sénateur socialiste du Vermont.
Avec plus de 26% des voix, M. Sanders a devancé son plus proche adversaire, Pete Buttigieg, qui a obtenu la faveur de 23% des électeurs. Le vote de mardi soir n’a rien de la victoire insurmontable, ou de la raclée assénée aux opposants du sénateur du Vermont, mais il s’agit d’une nouvelle preuve que les idées résolument progressistes de M. Sanders ont la cote chez une bonne part de l’électorat.
Joe Biden, lui, toujours considéré comme candidat le plus en vue pour obtenir la nomination démocrate et affronter le président Trump en novembre, n’aurait obtenu que 8,4% des voix, indique CNN, ce qui lui vaut une cinquième place. Elizabeth Warren, qui prône elle aussi un programme progressiste, fait à peine mieux que Joe Biden, avec 9,3% des voix.
L’autre surprise de cette soirée, c’est la sénatrice Amy Klobuchar, une politicienne modérée jamais véritablement comptée parmi les meneurs, qui récolte la troisième place avec 19,8% des votes.
« Ce soir, il est question de détermination et mon histoire, comme celle de beaucoup d’entre vous, en est une de résilience », a déclaré la politicienne, toujours selon CNN. « J’ai annoncé ma candidature dans le milieu d’un blizzard, au Minnesota. Et il y avait beaucoup de gens qui prédisaient que je ne passerais même pas à travers ce discours, mais pas les gens de mon État, et pas les gens du New Hampshire. »
De son côté, Politico indique que Bernie Sanders a gagné la faveur d’environ la moitié des électeurs de moins de 30 ans, mais que son programme d’une assurance-santé universelle, de l’annulation des dettes des étudiants universitaires et de l’imposition plus importante des plus riches (entre autres) passe moins auprès des 60 ans et plus.
La situation est inversée pour Mme Klobuchar, qui réalise ses meilleurs scores chez les 45 ans et plus et les 65 ans et plus.
Rien n’est encore joué, cependant; la primaire du New Hampshire n’est que la deuxième étape du très long cycle des primaires démocrates, et des États autrement plus riches en délégués sont à venir, notamment le Nevada, New York, le Texas et la Californie, tous des États où Joe Biden a de fortes chances de faire le plein de députés, et où l’idée de révolution progressiste de Bernie Sanders pourrait prendre du plomb dans l’aile. Il est aussi probable que, si M. Sanders poursuit sa lancée, les électeurs puissent être tentés de plutôt choisir un candidat plus au centre de l’échiquier politique; encore une fois, l’ancien vice-président est toujours le mieux placé pour battre Donald Trump en novembre, mais il a fort à parier que toute l’histoire impliquant son fils, Hunter, et l’affaire ukrainienne, puisse éventuellement lui nuire dans l’isoloir.
Quant au programme de Bernier Sanders, ses opposants auront le beau jeu d’affirmer qu’il est particulièrement dispendieux, et qu’il entraînerait des transformations profondes du modèle socio-économique américain.
Et pour les autres candidats, il leur faudra naviguer entre les écueils et tenter de se distinguer entre les candidats les plus visibles et aux positions les plus campées. Sinon, ce sera la fin de leur aventure en vue de la présidentielle.