Avec Elvis: ombre et lumière, l’ancien rédacteur en chef de Paris Match Patrick Mahé et Kent, le chanteur du groupe Starshooter, livrent une biographie en images qui rend un bel hommage à un artiste plus grand que nature, dont l’influence se fait encore sentir aujourd’hui.
Peu d’artistes peuvent se vanter d’avoir changé la face du monde comme Elvis. Little Richard affirmait qu’il a ouvert la porte à la musique des Noirs, et John Lennon a déclaré que sans lui, les Beatles n’auraient jamais existés, mais soyons honnêtes: c’est le rock’n’roll au grand complet, de Led Zeppelin à Marylin Manson, qui aurait un visage bien différent si Elvis Aaron Presley n’était jamais venu au monde. Près de 45 ans après sa mort tragique, ses chansons continuent de résonner auprès du public, des imitateurs lui rendent toujours hommage, certains illuminés, persuadés qu’il est encore vivant, l’aperçoivent au centre d’achat, et il est même devenu un personnage dans de nombreuses œuvres de fiction (dont l’excellent et bizarroïde film Bubba Ho-Tep). Bien qu’à peu près tout le monde connaisse son œuvre musicale, l’album Elvis: ombre et lumière aide à comprendre comment il est devenu un immortel de la culture populaire, en retraçant le parcours de cet homme à la voix d’or.
S’ouvrant sur son décès le 16 août 1977, Elvis: ombre et lumière utilise comme narratrice Jane, la serveuse d’un dinner de Memphis qui, en apprenant la triste nouvelle, raconte la vie de l’artiste à une foule de plus en plus grande. La bande dessinée présente sa naissance dans la pauvreté à Tupelo, son amour inconditionnel pour sa mère, son côté pieux, ses premiers enregistrements aux studios Sun à l’été 1953, sa rencontre avec le Colonel Parker, l’arrivée d’un succès qui le comble et l’ostracise à la fois, son service militaire, sa « carrière » au cinéma, ses idylles, son mariage avec Priscilla Beaulieu, sa déchéance et sa mort peu glorieuse sur un bol de toilettes suite à une surdose de Dilaudid. Bien qu’il ne fasse que 144 pages, le livre condense énormément d’informations, et même si j’avais déjà lu deux biographies complètes dans le passé, j’ai appris de nouvelles choses sur Elvis à sa lecture.
Le dessinateur et chanteur du groupe Starshooter, Kent, connaît bien l’univers du rock, et il parvient à transmettre une certaine musicalité à ses illustrations dans Elvis: ombre et lumière. Dans un style épuré, il reproduit l’Amérique des années 1950, et n’utilise qu’une seule couleur à la fois pour ponctuer ses planches en noir et blanc (jaune, turquoise, rose, etc.), ce qui accentue le côté rétro de l’album. Il croque aussi bien le Elvis jeune et fougueux que la version « gros à paillettes », et pour communiquer ses déhanchements, il affuble parfois le King de deux paires de jambes, ce qui crée une belle impression de mouvement. Il reconstitue aussi plusieurs moments iconiques (première apparition au Steve Allen Show, rencontre avec les Beatles, comeback de 1968, etc.), et nous permet même d’assister au mythique « jam » des studios Sun réunissant Jerry Lee Lewis, Elvis, Johnny Cash et Carl Perkins.
Aussi complète qu’une biographie traditionnelle mais plus vivante grâce aux illustrations de Kent, Elvis: ombre et lumière est une bande dessinée parfaite pour quiconque souhaite en apprendre davantage sur le roi incontesté du rock’n’roll.
Elvis: ombre et lumière, de Kent et Patrick Mahé. Publié aux éditions Delcourt, 144 pages.