Malgré son lot d’imperfections, Little Monsters parvient à séduire de manière inattendue tout en insufflant son propre vent de fraîcheur au genre éculé à la fois du film de zombies, mais aussi plus spécifiquement de la comédie de zombies. Un petit délire à rattraper chez soi sans modération.
La prémisse peut sembler simpliste, mais le jeu de comparaison est particulièrement intéressant alors que le titre ne réfère pas aux zombies en tant que tel, mais bien aux petits monstres que sont les enfants, ces petites boules d’énergie aussi épuisantes qu’attachantes.
C’est ainsi qu’on met au centre du film la survie d’une classe d’enfants qui se retrouvent malgré eux en plein centre d’une épidémie de zombies, inconscients et naïfs face aux dangers qui les entourent, autant ceux réels que fantaisistes.
L’Australien Abe Fortsythe roule sa bosse depuis près de deux décennie en tant qu’acteur, scénariste et réalisateur, sauf que sa folie créative risque de vivre un tout nouveau tournant dans sa carrière déjà bien remplie, puisqu’il a ici fait appel à deux acteurs de renom pour lui permettre d’accéder à l’international.
On pourrait croire qu’il est exagéré de dire que la présence d’une actrice oscarisée élève le niveau d’une production, mais la présence de l’inimitable Lupita Nyong’o aide grandement le film de Forsythe. Toujours aussi irrésistible et forte en nuances capable de jouer la douceur et la férocité nécessaire pour calmer les jeunes, tout comme de tenir tête à l’immaturité de ses partenaires adultes, il est encore une fois impossible de ne pas tomber sous le charme de celle qui nous a autant touché qu’inquiétant dans 12 Years a Slave et Us, respectivement. Encore plus lorsqu’elle s’arme d’une fourche, d’une pelle ou, ultimement, d’un ukulélé.
Si le charme australien fonctionne bien dans le ton, les accents, les lieux de tournage et aussi par le biais des acteurs locaux qui ont du charisme à revendre, comme ces jeunes ou Kat Stewart et Alexander England, on ne peut passer sous silence la partition complètement déjantée de Josh Gad, qui exagère de manière assez jouissive un concept somme toute prévisible.
Certes, au-delà d’un sens du rythme assuré par un flair indéniable pour les bonnes idées assemblées par un montage vif qui accentue souvent les nombreuses blagues visuelles ou dialoguées (on pense aussi à l’excellente scène d’ouverture), on ne peut cacher la certaine absence ironique de danger dans l’ensemble.
Bien qu’on apprécie que les personnages heureusement limités en nombre soit développés pour éviter d’être seulement des pions, on doit admettre que la tangente un brin plus dramatique alourdit par moment le plaisir. De plus, bien que les zombies soient bien rendus par les maquillages et les effets, ceux-ci s’avèrent peu difficile à éviter, étant relégué à l’arrière-plan pour favoriser les développements intérieurs des personnages.
De fait, le plus grand combat du film n’a pas eu lieu à l’écran, mais bien dans la création du film pour obtenir les droits de la chanson Shake it Off de Taylor Swift. Une victoire qui contre toutes attentes s’est avérée primordiale puisque le film, dans son expertise à jouer sur les perceptions, arrive avec brio à faire évoluer le sens de la chanson qui devient tour à tour irritante et un leitmotiv émotionnel nécessaire au récit, culminant en une finale d’une admirable beauté.
6/10
Little Monsters est disponible en DVD et en blu-ray via VVS Films depuis le 14 janvier dernier.