Une nouvelle étude des Université McGill et de la Californie, à Santa Cruz, révèle que les rues des villes du monde sont de moins en moins connectées; cette tendance globale alimente l’étalement urbain et vient nuire à l’utilisation du transport collectif.
Ces travaux, publiés dans Proceedings of the National Academy of Sciences, représentent la première recension mondiale de l’étalement urbain, tel que mesuré par la connectivité des réseaux de rues locales. Les chercheurs ont utilisé des données publiques disponibles sur le service OpenStreetMap, ainsi que des données satellites.
« Nous voulions adopter une approche systématique qui permet d’identifier les villes où l’étalement urbain empire rapidement, même si cela ne représente pas des noms connus au-delà des frontières nationales », précise le coauteur de l’étude, Christopher Barrington-Leigh, professeur adjoint au Institute for Health and Social Policy de l’Université McGill. « Nous voulions également identifier les villes qui, souvent très discrètement, travaillent très efficacement à croître selon une structure connectée et efficace. »
Résultat d’une collaboration longue de sept ans, l’étude a démontré que dans de vastes régions du monde, la récente croissance urbaine a largement entraîné la création de réseaux de routes déconnectées. Différentes formes de communautés fermées ont également pris de l’ampleur et gagné en popularité dans le monde.
M. Barrington-Leigh et son collaborateur, Adam Millard-Ball, professeur associé au sein du département des études environnementales de l’Université de Californie à Santa Cruz, ont mis au point un Indice de déconnexion des rues locales pour créer une carte planétaire de la connectivité des rues et avenues. Leurs données ont démontré que l’Asie abrite certaines des villes les plus étendues au monde, et cet étalement empire. Les rues arrangées selon des grilles, de leur côté, favorisent des formes urbaines denses et efficaces, comme c’est le cas en Bolivie, en Argentine et au Pérou. L’Allemagne, le Danemark et le Royaume-Uni, de leur côté, ont été en msure de maintenir des niveaux de connectivité modérée en raison de l’ajout de trottoirs et de pistes cyclables, ce qui permet d’accroître la connectivité lorsqu’il est question de déplacements non motorisés.
En plus de la publication de leur étude, les auteurs des travaux ont mis en ligne une carte interactive, où les internautes peuvent examiner la connectivité des rues à travers le monde.
De précédentes études ont démontré que l’accessibilité accrue offerte par les rues organisées en grilles facilitait la marche, les déplacements à vélo et l’utilisation du transport collectif, tandis que les culs-de-sac tendent à encourager l’utilisation de voitures personnelles. Selon M. Barrington-Leigh, les planificateurs urbains doivent tenir compte des notions de connectivité à la plus petite échelle possible lorsqu’ils conçoivent de nouvelles rues, afin de rendre les villes plus accueillantes quand vient le temps de s’y déplacer.
« Les rues et les routes représentent la colonne vertébrale permanente qui vient affecter toutes les autres dimensions de l’urbanisme et de l’utilisation des terres », affirme le chercheur de l’Université McGill. « Les décideurs doivent s’inspirer de villes comme Tokyo et Buenos Aires afin de limiter l’étalement urbain. Si nous maintenons le cap actuel, les choix limitant la connectivité des routes pourraient restreindre la future résilience, en plus d’imposer une forte consommation d’énergie et d’importantes émissions de CO2, sans compter les impacts sur la santé et notre mode de vie, et ce pendant un siècle, voire davantage. »