Une décennie après le séisme qui a profondément ravagé Haïti, les Nations unies ont souligné dimanche les très nombreux disparus et déplacés, y compris ceux qui sont toujours affectés aujourd’hui. Du même souffle, toutefois, l’ONU constate que la situation politique ne s’est gère améliorée dans la Perle des Antilles.
Plus de 200 000 morts. Au-delà d’un million de sans-abri. Des bâtiments officiels, des écoles, des hôpitaux et quantité d’autres immeubles détruits, et qui n’ont parfois jamais été reconstruits. Une société déjà fragile incapable de voler de ses propres ailes, paralysée par le marasme économique, social et politique. Le message vidéo du secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres, diffusé dimanche, n’était pas nécessairement prononcé sur un ton optimiste.
« En ce jour, nous rendons hommage aux centaines de milliers de Haïtiennes et Haïtiens qui, voilà dix ans, ont perdu la vie dans le séisme dévastateur qui a frappé leur pays et aux millions d’autres que cette catastrophe a durement touchés », a-t-il déclaré, avant de rappeler que 102 membres du personnel de l’ONU avaient aussi péri lors de la catastrophe.
Et si M. Guterres affirme que depuis 10 ans, Haïti a pu compter « sur la résilience de ses habitants et sur le soutien de ses nombreux amis pour surmonter cette épreuve », et que la situation s’améliore lentement, notamment grâce à l’aide internationale, le Conseil de sécurité, lui, a plutôt rappelé une triste réalité: le gouvernement haïtien est tout aussi fragile qu’il ne l’était au lendemain du séisme de 2010, alors que les institutions s’étaient pour la plupart littéralement effondrées.
La semaine dernière, les membres du Conseil ont ainsi réaffirmé « la nécessité immédiate, pour les acteurs haïtiens, d’engager un dialogue inclusif et ouvert, et former un gouvernement qui réponde aux besoins du peuple haïtien sans plus attendre ».
Ce n’est en effet pas la première fois où la communauté internationale fait ou défait les gouvernements haïtiens, quand des interventions militaires ciblées ne « facilitent » pas le départ de présidents ou de premiers ministres dont l’Occident estime qu’ils ont cessé d’être utiles.
À l’image de plusieurs de ses prédécesseurs, le chef d’État haïtien actuel, Jovenel Moïse, élu lors d’une élection au très faible taux de participation, est accusé de participer à la paralysie et à la corruption de la classe dirigeante du pays, plus occupée à s’accaparer les pouvoirs et les ressources nationales, plutôt que de travailler à rebâtir les institutions et à assurer la bonne marche des services publics.
Dix ans après le séisme, des hôpitaux, des écoles et des logements promis doivent encore être construits, et plusieurs vérifications indépendantes démontrent que l’argent fourni à des fins de reconstruction ont plutôt fini dans les poches des puissants.
L’État haïtien doit aussi « urgemment trouver une solution à la détérioration de la situation humanitaire », ont encore précisé les membres du Conseil de sécurité.
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