Le virus de l’immunodéficience simiesque (VIS), le virus infectant les singes et les grands singes à partir duquel est originaire le VIH, pourrait avoir influencé la génétique des chimpanzés, selon une nouvelle étude menée par l’University College de Londres.
Ce virus est l’un des principaux facteurs expliquant les différences entre les sous-espèces de chimpanzés, selon les conclusions de l’étude publiées dans PLOS Genetics.
Si les chimpanzés ne sont pas durement affectés par le VIS, les chercheurs soutiennent que leurs conclusions portent à croire que certaines sous-espèces pourraient avoir développé une certaine tolérance au virus.
« Contrairement aux humains qui, lorsqu’ils sont infectés par le VIH, subissent de graves conséquences en matière de santé, les chimpanzés peuvent demeurer bien portants lorsqu’ils sont infectés par le VIS », mentionne l’auteure principale de l’étude, la Dre Aida Andrés.
« Cela porte à croire que les chimpanzés pourraient avoir évolué pour développer des mécanismes biologiques permettant de limiter la capacité du virus à provoquer la maladie. »
En analysant le génome de quatre sous-espèces de chimpanzés vivant en Afrique, l’équipe de recherche a découvert que des variantes génétiques ayant évolué exclusivement chez des chimpanzés de l’est du continent étaient reliées de façon disproportionnées à des réponses du système immunitaire, particulièrement en ce qui concerne la réponse à une infection par le VIS.
Ainsi, puisque le facteur évolutif le plus important qui a pu être identifié par les chercheurs se trouve du côté du fonctionnement du système immunitaire, ce qui serait une adaptation du VIS, alors que le virus semble avoir contribué de façon significative à la différence génétique entre les sous-espèces.
Pour le Dr Sergi Castellano, « comme les gènes que nous avons identifiés pourraient avoir contribué à une réduction de la virulence du VIS chez les chimpanzés, il serait intéressant d’étudier ceux-ci chez des humains infectés par le VIH ».
Par ailleurs, comme les chimpanzés, les plus proches cousins de l’humain, sont menacés d’extinction, et que les maladies transmissibles sont l’une des causes de la disparition progressive de l’espèce, les conclusions de l’étude pourraient également être mis à contribution dans une perspective de préservation.