Succession logique à la série populaire que fut Le chalet, en plus de ramener quelques-uns de ses collaborateurs (Marie-Claude Blouin et Sarah-Maude Beauchesne, notamment, jusqu’au compositeur, directeur photo, monteur et on en passe), L’académie apporte un peu de piquant aux propositions télévisuelles pour les jeunes adultes. Dommage qu’elle s’avère problématique à pratiquement tous les niveaux.
Reprenant le format de vingt minutes qu’avait aussi adopté La dérape, une autre série destinée aux adolescents du Club Illico, L’académie est dans sa forme le petit rejeton tout désigné de Le chalet. Ses textes, ses personnages a priori unis, mais tous profondément égoïstes, sa superficialité, sa manière de construire ses épisodes et d’utiliser ses thèmes musicaux ad nauseam, jusqu’au générique sous les airs accrocheurs d’Alex Nevsky, les similitudes sont tous présentes en moins de deux minutes. Surtout considérant que même Antoine Pilon est là pour passer le flambeau.
Le hic, c’est que Le chalet était un projet original qui se basait sur de véritables amitiés. L’académie, au contraire, ressemble à la majorité des offres destinées à un tel public cible, soit un fantasme d’adultes fait pour tenter d’y insuffler des réflexions de grands sans nécessairement prendre vraiment en compte les besoins de ces dits adolescents.
De plus, malgré leur aisance, on ne croit pas toujours facilement à l’amitié « invincibles » du trio principal, tout comme des comédiens qu’on greffe autour. Probablement parce que la distribution est inégale, que les excellents Rémi Goulet, Juliette Gosselin et Marianne Fortier méritent tous mieux, que Léa Roy n’a probablement pas toute l’étoffe d’une protagoniste, et qu’Antoine Desrochers continue de nous rappeler qu’on le préfère toujours mieux quand on le voit moins et quand il ne doit pas trop en dire.
On ne cachera pas qu’on surveillera néanmoins la pétillante Sabrina Bégin Tejeda qui s’en sortirait sûrement mieux avec un rôle avec plus de substance et qu’on regrette que des adultes aussi respectables tels que Pascale Bussières, Simon Lacroix, Marie-Laurence Moreau, Stéphane Gagnon et Kathleen Fortin se retrouvent mêler à une telle entreprise.
En fait, on ne croyait pas dire ça, mais à ses côtés, Le chalet ressemble à un grand exemple du genre. Non seulement L’académie leurre les jeunes avec des histoires engageantes qui s’avèrent beaucoup trop avancées pour leur âge, mais la série retourne à cette mauvaise pratique d’utiliser des acteurs bien trop vieux pour interpréter leurs rôles.
Ainsi, la gang du chalet ne se faisait accorder qu’une sexualité qu’après quelques saisons bien établies. Bien sûr, on les a vieillis de façon exagérée dans ses derniers milles, mais ici, à force d’exagérer une vision discutable du féminisme et de jaser sans retenue de sexualité, de drogues et d’alcool, on donne des drôles d’air à cette série qui devrait vraisemblablement se dérouler à la dernière année du secondaire.
Pire, histoire de s’approprier les élans idylliques de nos confrères américains, en plus de ramener les combats types entre les gars et les filles tout comme les mean girls de service, on amène ici un pensionnat élitiste en bordure de Montréal qui ne semble appartenir à aucune réalité.
Des cours de cuisine à apprendre à cuire le homard? Des cours d’autodéfense et de mécanique automobile? Une bonne manière de vouloir annuler toutes les tentatives de donner un peu d’importance à des sujets plus nécessaires comme l’intimidation, la nécessité de s’accepter et la liberté des désirs (l’un des personnages principaux est ouvertement lesbienne), le tout face à un univers aussi inaccessible et auquel il est impossible de s’identifier.
Au moins, au-delà de toutes ses invraisemblances et ses absurdités, l’écoute est vite et facile. Dix épisodes d’une aussi petite durée sont vite passés, ce qui laisse en redemander rapidement davantage à ceux qui se feront prendre. À l’inverse, cela donne encore moins de poids dramatique d’étirer sur trois saisons une seule et même année, alors que les arcs dramatiques ont à peine la durée de quelques semaines.
La version DVD est dénuée de suppléments et n’inclut aucun sous-titre, autant pour les spectateurs anglophones que les malentendants. Néanmoins, face à un marché de plus en plus en détresse, en considérant que même Le chalet n’a eu que ses deux premières saisons sur format DVD et que bien peu de téléséries québécoises se retrouvent sur un autre format que numérique, on apprécie cet effort. Maintenant, il faudrait aussi penser l’offrir pour des œuvres un peu plus méritantes.
Pour les curieux, le site officiel, avec son look très Pinterest / Instagram, est tout aussi terrifiant avec ces citations prises au hasard comme « J’suis toujours friend zoné, ça goss » et « Les gars, ça braille pas voyons donc ».
4/10
La première saison de L’académie est en DVD via TVA Films depuis le mardi 3 décembre. La deuxième saison est diffusée sur la chaîne Yoopa depuis novembre. La troisième et dernière saison devrait arriver exclusivement sur le Club Illico l’an prochain.
Fin de siglo s’arrête à Image+Nation pour se perdre dans l’espace-temps