Les humains pourraient devoir leur place comme espèce dominante de la planète à leur capacité à partager et à coopérer les uns avec les autres, selon une nouvelle étude publiée dans le Journal of Anthropological Research.
Dans l’étude en question, intitulée How There Got to Be So Many of Us: The Evolutionary Story of Population Growtch and a Life History of Cooperation, la chercheuse Karen Kramer s’intéresse au passé pour y découvrir les fondations biologiques et sociales qui ont permis aux humains d’exceller en matière de reproduction. Mme Kramer affirme que la tendance des humains à produire de nombreux enfants, à partager leur nourriture, à répartir les tâches, et à coopérer lorsque vient le temps de prendre soin des enfants, a permis de nous distinguer de nos voisins en matière d’évolution, c’est-à-dire les grands singes.
En matière de nombre de représentants des diverses espèces, bien peu d’entre elles peuvent se comparer aux succès des humains. Bien que beaucoup d’attention soit accordée à la taille de la population humaine au cours des 200 dernières années, les humains avaient rencontré un important succès avant même la révolution industrielle, en faisant passer la population mondiale à plus d’un milliard de personnes. « Ensemble, notre régime alimentaire et notre historique, en plus de notre capacité à coopérer, nous a rendus vraiment bons pour mettre de la nourriture dans les assiettes, à nous reproduire et à survivre », écrit Mme Kramer.
En étudiant les Mayas, la chercheuse a construit un modèle démographique qui tient compte de la consommation de nourriture dans les familles, alors que ces familles se développent et vieillissent tout au long de la « carrière reproductive » d’une mère, comparativement à la contribution de la mère en question, du père et de celle des enfants.
Elle a constaté que les enfants Maya contribuaient de façon importante à la survie familiale, les jeunes de 7 à 14 ans consacrant en moyenne de deux à cinq heures par jour à travailler pour obtenir de la nourriture, alors que les jeunes de 15 à 18 contribuaient autant que leurs parents, soit environ 6,5 heures par jour.
Le type de travail varie, les jeunes s’occupant surtout des enfants, alors que les plus âgés se consacraient à la culture et aux récoltes, en plus de transformer les aliments et de gérer le foyer. « Si les mères et les adolescents ne coopèrent pas, ces mères pouvaient soutenir moins d’enfants lors de leur carrière reproductive », a écrit Mme Kramer. « C’est la force de la coopération intergénérationnelle qui permet aux parents d’élever davantage d’enfants que s’ils étaient seuls à mettre l’épaule à la roue. »
L’autre étude de Mme Kramer a porté sur des chasseurs-cueilleurs du centre du Venezuela. Ce peuple vivait dans un environnement à fort taux de mortalité, et devait surmonter des obstacles tels que de la malnutrition saisonnière, un fort stress immunologique, des cas chroniques de parasites intestinaux, de la malaria endémique, et l’absence d’accès à des soins de santé ou à une immunisation. Malgré tout, ou peut-être en raison de ces facteurs, les filles de ce peuple devenaient matures rapidement et commençaient à avoir des enfants vers 15 ans. Cette tendance est conforme aux prédictions théoriques voulant qu’une maturation rapide optimise la survivabilité dans un environnement à la mortalité importante. Chaque accouchement est cependant également associé à une plus forte probabilité de perdre le premier-né.