Il y a 62 ans cette semaine, une chienne originaire de Moscou appelée Laïka devenait le premier être vivant à tourner autour de la Terre. Si les amateurs d’exploration spatiale se rappelleront longtemps son nom pour cette première historique, les amateurs de science se rappelleront peut-être davantage du rôle qu’elle a joué pour mieux réglementer la recherche sur les animaux.
Lancée le 3 novembre 1957 à bord de l’engin Spoutnik 2 — un mois après le Spoutnik 1, le tout premier engin en orbite terrestre — Laïka allait mourir cinq à sept heures plus tard, des effets de la chaleur (hyperthermie), en raison d’une défaillance du système de régulation de la température. La véritable raison de sa mort ne serait admise que des décennies plus tard.
Mais elle allait contribuer à un virage dans la façon dont seraient entreprises les recherches sur les animaux envoyés dans l’espace. Autant les États-Unis que l’Union Soviétique avaient jusqu’alors embarqué plusieurs animaux sur des vols d’essai, avec un souci pour leur sécurité qui semblerait aujourd’hui choquant: dès 1948, un singe rhésus nommé Albert avait volé à bord d’une fusée V-2, qui avait atteint une altitude de 63 kilomètres (la « frontière » d’un vol dans l’espace est de 100 km). Bien que le vol ait été considéré un succès, Albert n’avait pas survécu, pas plus que ses trois successeurs. D’autres animaux avaient été plus chanceux, comme les deux premiers chiens soviétiques, Dezik et Tsygan, récupérés vivants le 21 juillet 1951 après un vol suborbital (c’est-à-dire un vol qui a dépassé le seuil des 100 km avant de revenir sur Terre, sans avoir effectué une orbite) mais Dezik ne survivrait pas à son deuxième voyage en raison d’une défaillance du parachute du missile.
Les observateurs qui avaient été interrogés en 2017 à l’occasion du 60e anniversaire de Laïka avaient rappelé qu’on ignorait même, en 1957, si un être humain pourrait survivre en apesanteur, ou au-delà de notre atmosphère, ou en raison de l’exposition aux radiations. La survie des animaux ne se posait donc pas dans les mêmes termes qu’aujourd’hui. La sensibilité à l’égard du sort des animaux de laboratoire a rendu impossible de sacrifier en connaissance de cause un animal comme Laïka, et le fait que des êtres humains aient effectivement pu vivre et travailler en apesanteur a de toutes façons fait disparaître les « animaux astronautes ». Mais la perspective d’un long voyage vers Mars pourrait les ramener dans l’actualité.
La NASA avait annoncé en 2010 qu’elle mettait sur la glace un projet visant à expérimenter les effets d’une exposition de longue durée aux radiations chez des singes-écureuils, expérience qui aurait pu avoir lieu sur la station spatiale. La Russie n’a mis aucun frein à d’éventuelles recherches de ce genre. Pour l’instant, les créatures les plus complexes envoyées sur la station spatiale sont des vers et des mouches à fruits.
Autres contenus:
Survivre à une apocalypse de zombies… grâce aux mathématiques