Hong Kong, Chili, Équateur, Algérie, Liban, Haïti… la planète se révolte, et l’état de la colère publique inquiète les Nations unies, qui affirment que si chaque série de manifestations est unique, un thème central ressort: celui des inégalités entre les gouvernés et la classe des gouvernants.
« L’inquiétude dans la vie des gens mène à tout sauf au calme dans les rues et les places des villes. Chaque situation est unique. Certaines manifestations sont déclenchées par des problèmes économiques, notamment la hausse des prix, des inégalités persistantes ou des systèmes financiers qui profitent aux élites. D’autres découlent de revendications politiques. Et dans certains cas, les gens réagissent à la corruption et à différentes formes de discrimination », a ainsi déclaré le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, lors d’un point de presse à New York.
« Pourtant, il existe des points communs entre les continents – et cela devrait nous obliger tous à réfléchir et à réagir », a-t-il ajouté, dans un discours publié sur le site web des Nations unies.
Pour M. Guterres, il existe « un déficit croissant de confiance entre les citoyens et les institutions politiques », et « le contrat social est de plus en plus menacé ».
« Le monde est également aux prises avec les effets de la mondialisation et des nouvelles technologies, qui ont accru les inégalités au sein des sociétés », a noté le chef de l’ONU.
« Même lorsque les gens ne protestent pas, ils ont mal à s’en sortir et veulent être entendus. Les gens veulent des conditions égales pour tous, y compris des systèmes sociaux, économiques et financiers qui fonctionnent pour tous. Ils veulent que leurs droits humains soient respectés et qu’ils aient leur mot à dire dans les décisions qui affectent leur vie. »
La solution? Pour Antonio Guterres, il faut que les politiciens « écoutent les problèmes des gens ». « Notre monde a besoin d’action et d’ambition pour construire une mondialisation juste, renforcer la cohésion sociale et faire face à la crise climatique », a-t-il mentionné.
« Des populations en ont assez et sont en colère, surtout à cause des conditions socio-économiques, de la corruption, des inégalités et de l’écart grandissant entre les riches et les pauvres », soutient de son côté la porte-parole du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de la personne (HCDH), Ravina Shamdasani, au siège européen de l’ONU, à Genève, en Suisse.
Le Chili, le Liban et l’Irak sous surveillance
Dans la foulée de la violente contestation populaire qui ébranle le Chili, les Nations unies ont indiqué qu’elles allaient déployer une équipe d’enquêteurs pour suivre le déroulement des événements dans ce pays d’Amérique du Sud.
Selon le HCDH, le gouvernement chilien pourrait ainsi avoir commis des crimes, entre autres en recourant à la force contre les manifestants.
Les parlementaires et le gouvernement (chiliens) ont tous exprimé le désir d’une mission des droits de l’homme de l’ONU », ont ajouté les services de Michelle Bachelet, la directrice du HCDH. En collaboration avec le bureau régional en Amérique du Sud, l’équipe examinera également les causes profondes des manifestations, y compris les questions relatives à l’exercice des droits économiques et sociaux au Chili.
En ce qui concerne le Liban et l’Irak, les Nations unies disent « suivre la situation de près », notamment dans la foulée de manifestations rassemblant des dizaines de milliers de personnes, dans les deux pays, pour contester un gouvernement jugé corrompu.
Au dire de l’ONU, quatre personnes ont perdu la vie au Liban dans la foulée des manifestations. Le bilan est bien plus élevé en Irak, où l’on fait état d’au moins 157 tués, en plus de près de 5500 blessés.