Sorte de boîte à outils du progrès de la civilisation, l’ingénierie rassemble à la fois les problèmes et les solutions aux deux enjeux majeurs du 21e siècle: le réchauffement climatique et l’omniprésence des nouvelles technologies. Le livre Ingénierie en 30 secondes, du professeur de génie à l’Université d’Australie-Occidentale James Trevelyan, paru aux éditions Hurtubise, arrive à résumer ce champ complexe pour les non-initiés.
Au 21e siècle, la mondialisation poursuit cette mouvance de transfert des pouvoirs des gouvernements démocratiquement élus au libre marché et par ricochet, aux entreprises privées. Par conséquent, les enjeux climatique et technologique prennent de l’ampleur au sein de la population dans le cadre d’un État dont l’intervention est limitée. D’une part, les climatosceptiques mettent en doute le réchauffement climatique, et d’autre part, les nouvelles technologies se développent sans encadrement éthique. Ainsi, l’individu devient une sorte de cobaye ne disposant que d’un pouvoir collectif relatif.
Mis à part la politique, l’ingénierie permet la connaissance de la situation de l’être humain par rapport à son milieu. Le génie de l’environnement analyse les impacts tant positifs que négatifs de la planification, de la construction et de l’exploitation d’un projet. L’activité humaine dépend également de la production et du stockage de l’électricité dont les ingénieurs travaillent à son approvisionnement et à son stockage. Les ingénieurs électriciens élaborent les systèmes pour la produire et la transmettre afin de procurer éclairage, chaleur et force motrice, tandis que les électroniciens s’en servent pour créer des systèmes de communication sans fil, des ordinateurs et des téléphones cellulaires.
Vers 1900, des substances comme les colorants, les nitrates et l’ammoniac étaient essentielles à l’industrie de la défense. L’Angleterre et la France s’approvisionnaient dans leurs colonies, alors que l’Allemagne se tourna vers ses chimistes, dont Fritz Haber et Carl Bosch, pour enfin dominer l’industrie chimique mondiale. Si le génie chimique a permis de produire des engrais et des insecticides qui ont quadruplé le rendement des terres agricoles, de même que les plastiques ou polymères thermoplastiques, aujourd’hui un continent de plastique flotte dans l’océan et les engrais contribuent à leur acidification. Cependant, le traitement des eaux usées et des affluents industriels par le génie chimique a fait plus pour la santé publique que la médecine.
Au 20e siècle, les électroniciens ont créé la radiodiffusion, les ingénieurs en mécatronique ont créé des machines intelligentes capables d’adapter leur comportement à l’aide de capteurs et de logiciels, le déverrouillage automatique de la portière d’une voiture par exemple, et le génie biomédical a repoussé les limites de la radiologie avec l’invention de la tomodensitométrie et de l’échographie. Les génies informatique et logiciel ont pris leur plein essor au siècle suivant, de même que les technologies de l’information qui, entre autres, accablent le métier de journaliste de problèmes éthiques en ce qui a trait à la confidentialité des données personnelles, au financement des médias et à la qualité de l’information.
Le livre illustré inclut des lexiques de mots-clés, des thèmes à réflexion et de courtes biographies d’hommes et de femmes permettant de saisir le parcours et le raisonnement d’ingénieurs célèbres. Pour avoir passé plus de 50 heures dans un train poussif et bondé, où nombre de personnes en proie au mal des transports devaient rester assises à même le plancher, l’ingénieure chinoise Liang Jianying a décidé de se consacrer au génie ferroviaire. Aujourd’hui, ses recherches portent sur la lévitation magnétique, avec l’objectif d’atteindre 600km à l’heure.
Ingénierie en 30 secondes semble un excellent cadeau à offrir au garçon qui s’ennuie à l’école; ce livre renferme après tout plusieurs raisons de s’appliquer en mathématiques.