Un festival de documentaires est-il un rendez-vous d’intellectuels urbains? C’est faux! En vue des 22e Rencontres internationales du documentaire de Montréal (RIDM) du 14 au 24 novembre 2019, la programmation lancée le 23 octobre à la Cinémathèque québécoise n’est pas différente de ce que le grand public peut voir en ligne, mais avec un certain souci de réalisme.
À une époque où les grandes productions épluchent les mythologies de superhéros génétiquement modifiés pour en faire du maïs soufflé à l’écran, les RIDM ont mis cette fièvre pour le surhumain de l’avant. En ouverture, le film italien The Disappearance of my Mother de Beniamino Barrese pointe une caméra intimiste sur une femme âgée de 70 ans dont le dégoût des projecteurs tourne en crise existentielle. Cette icône de la mode des années 1960 s’était rebellée en critiquant la misogynie de son ancien milieu, sous le couvert du journalisme.
Inutile de relire le long article Je pensais que j’étais transgenre, de la journaliste Émilie Dubreuil, ou de rappeler la mort tragique de la mini-reine de beauté JonBenét Ramsey, les acteurs du film de clôture Drag Kids de la Canadienne Megan Wennberg semblent s’épanouir au-delà des stéréotypes associés à leur genre.
Si l’enjeu environnemental n’est pas encore assez brûlant pour la sourde oreille de la classe politique, les RIDM offrent une pluralité de documentaires à visionner sur le sujet. Afin d’accompagner la lecture laborieuse de rapports et d’ouvrages scientifiques de cette foule de manifestants qui ont supporté Greta Thunberg, le film Earth de Nikolaus Geyrhalter porte sur la façon de transformer la surface terrestre, alors que La cordillère des songes de Patricio Guzman se centre sur le symbole du territoire chilien qu’est la chaîne de montagnes des Andes, le long de sa frontière.
Cette envie autarcique de tout laisser derrière soi pour partir à l’aventure que les films Into the Wild (2007) et Wild (2014) ont ranimé au grand écran est abordé par de grandes pointures du cinéma. Avec Wilcox, le Québécois Denis Côté suit un homme seul qui vit dans les bois, alors que Nomad : In the Footsteps of Bruce Chatwin de l’Allemand Werner Herzog arpente le monde sur les traces d’un écrivain.
Avec la bifurcation de l’industrie des technologies provoquée par l’affaire Huawei divisant les États-Unis et la Chine, ce rapport de force entraîne-t-il une nouvelle perspective historique? De l’éruption du volcan Eyjafjallajökull à l’usine dirigée par le père du philosophe Wittgenstein, le rêve éveillé de Above Us Only Sky du Néerlandais Arthur Kleinjan propose un regard sur les rapports entre le 20e siècle et l’époque actuelle. Alors que la Chinoise Shengze Zhu observe les citoyens sous-exposés de la Chine contemporaine dans Present.Perfect., ceux qui vivent en bas de l’échelle sociale.
Offrant un tour d’horizon de 47 pays et de 43 langues, la programmation des RIDM qui compte 154 films au total ne délaisse pas la production locale. De l’approche expérimentale Terres fantômes d’un épisode méconnu gaspésien de Félix Lamarche au portrait kitsch King Lajoie d’un personnificateur d’Elvis trifluvien de Joannie Lafrenière, les 44 films québécois projetés sont tout aussi variés.
Sans oublier le documentaire autochtone nîpawistamâsowin: We Will Stand Up de Tasha Hubbard qui propose une réflexion sur le racisme systémique envers les Premières Nations, ainsi que les sept films de Wapikoni projetés lors de l’événement.
Les RIDM auront lieu dans neuf salles montréalaises, du 14 au 24 novembre.
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