En misant un peu trop sur la formule du duo improbable et pas assez sur son scénario, le film Stuber, disponible cette semaine en 4K, Blu-ray et DVD, propose une comédie oubliable, qui prend parfois les allures d’une infopub pour la compagnie Uber.
À peine sorti d’un traitement de correction de la vue au laser, Vic Manning, un agent du LAPD, reçoit une information selon laquelle Oka Tedjo, le chef d’un gang de trafiquants de drogue responsable du meurtre de sa partenaire, est sur le point de recevoir une importante cargaison d’héroïne. En dépit d’une vision brouillée l’empêchant de voir correctement, Vic refuse de laisser passer cette chance de prendre le dangereux criminel la main dans le sac, et décide de faire appel aux services d’Uber. Se présentant au volant d’une voiture électrique, Stu est un jeune homme timide qui attend la fin de cette course pour aller rejoindre sa meilleure amie dont il est secrètement amoureux, mais malheureusement, le pauvre chauffeur devra composer avec un contretemps de taille, lorsque le détective l’obligera à participer à cette opération policière à haut risque en réquisitionnant son véhicule.
Laurel et Hardy, Jay et Silent Bob, Simon Pegg et Nick Frost: les duos dépareillés constituent souvent une mine d’or en humour, et bien qu’il soit difficile d’imaginer un jumelage plus improbable que celui entre l’acteur pakistano-américain Kumail Nanjiani et l’ancien lutteur et homme-à-muscles Dave Bautista, il ne suffit pas de réunir deux personnalités diamétralement opposées pour créer une bonne comédie, comme le prouve Stuber. Même en faisant abstraction de son invraisemblable prémisse (pourquoi diable un policier du LAPD ferait-il appel à un chauffeur d’Uber plutôt que de simplement appeler des renforts?), le scénario, qui ressasse tous les clichés du « buddy cop », est incroyablement prévisible, et son humour ne vole pas très haut. À preuve, les blagues les plus drôles sont celles qui se moquent de l’apparence de Bautista, qualifié, entre autres, de « Douche Lundgren ».
Le placement de produit n’est certainement pas un phénomène nouveau à Hollywood, mais Stuber pousse le bouchon à un niveau jamais vu dans l’industrie du cinéma. Si le long-métrage dépeint sans complaisance la précarité des chauffeurs et les courbettes que ces derniers doivent faire auprès de leurs clients pour obtenir une note de cinq étoiles, non seulement le nom de la corporation est-il intégré dans le titre en plus de faire partie intégrale de l’intrigue, mais le mot « Uber » doit bien être prononcé une cinquantaine de fois durant l’heure et demie que dure le film, ce qui finit par lui donner des airs d’un long informercial saupoudré de blagues. Le comédien Kumail Nanjiani a beau affirmer en entrevue « qu’Uber ne raffole pas du portrait présenté par la comédie », la compagnie a quand même donné son aval au projet.
Tout en faisant preuve de naturel devant la caméra, Dave Bautista n’est pas un acteur de métier, et il a visiblement été embauché pour la portion « action » du long-métrage, qu’il assûme assez bien d’ailleurs. Ayant participé à plusieurs comédies, dont l’hilarante série télévisée Silicon Valley, Kumail Nanjiani possède des aptitudes indéniables pour l’humour, dont il tire profit ici, mais malgré tout son talent, le comédien, interprétant une fois de plus un nerd manquant de confiance en soi, ne réussit pas à soulever à lui-seul le long-métrage sur ses épaules. En-dehors de ce duo, Stuber laisse peu de place aux autres personnages. Incarnant la partenaire de Vic, on peut voir brièvement Karen Gillan dans les premières minutes, ainsi que Mira Sorvino, dont la présence dans un rôle tertiaire constitue une forme de gaspillage.
L’édition haute définition de Stuber inclut la comédie sur disque Blu-ray, et contient également un code pour télécharger une copie numérique. Le matériel supplémentaire comprend une piste de commentaires livrée par le réalisateur Michael Dowse et le comédien Kumail Nanjiani, cinq scènes retirées du montage, un « gag reel » aussi peu comique que le film lui-même, une compilation de répliques improvisées ne se retrouvant pas dans le long-métrage, une galerie photo, et une publicité vantant les mérites de tourner dans l’État de Georgie, qui s’adresse clairement au mauvais public.
Si Uber a révolutionné l’industrie du transport de personnes, Stuber ne risque vraiment pas de révolutionner la comédie, et sans être un mauvais, il s’agit d’un film ordinaire, qui plaira principalement aux fans finis de Kumail Nanjiani et de Dave Bautista.
5.5/10
Stuber
Réalisation: Michael Dowse
Scénario : Tripper Clancy
Avec : Dave Bautista, Kumail Nanjiani, Mira Sorvino, Natalie Morales, Iko Uwais, Betty Gilpin et Karen Gillan
Durée : 120 minutes
Format : Blu-ray (+ copie numérique)
Langue : Anglais, français et espagnol
Drame en trois temps pour la troisième saison de True Detective
2 commentaires
Pingback: Critique Stuber - Patrick Robert
Pingback: Faits divers, saison 3, et la tentation de l'écoute en rafale - Pieuvre.ca