Il faudra investir 5,3 milliards de dollars. Par année. Voilà la conclusion à laquelle sont parvenus la Fédération canadienne des municipalités (FCM) et le Bureau d’assurance du Canada (BAC), dans un nouveau rapport, si l’on souhaite envisager un pays où les villes sont véritablement adaptées aux changements climatiques.
Cet appel à l’aide, lancé en pleine campagne électorale fédérale, s’explique, dit-on, par le fait que « les municipalités subissent de plein fouet les changements climatiques et les phénomènes météorologiques extrêmes qui ravagent des habitations et des commerces de plus en plus fréquemment », soutient le président de la FCM, Bill Karsten.
Si les municipalités utilisent « tous les moyens » à leur disposition pour construire des communautés capables d’encaisser le choc des catastrophes naturelles et des transformations climatiques, « nous pouvons et devons faire encore plus pour mieux protéger nos concitoyens des effets de ces changements sur notre environnement », a dit M. Karsten.
« Même si les effets des changements climatiques se font sentir différemment dans chacune des régions du pays, les données globales indiquent clairement une accentuation des vagues de chaleur et des périodes de sécheresse, une augmentation de la fréquence et de l’intensité des chutes de pluie, un changement de la couverture de neige et de glace, et une intensification des tempêtes côtières », peut-on lire dans le rapport, intitulé Le coût de l’adaptation au climat.
Les municipalités, propriétaires et exploitantes de 60% des infrastructures publiques du pays, sont donc en première ligne lorsque vient le temps de s’adapter aux transformations environnementales, mais aussi d’encaisser les dépenses nécessaires pour justement réaliser cette adaptation, ou encore réparer ou rebâtir les infrastructures, bâtiments et autres services publics endommagés ou détruits lors de catastrophes naturelles.
En s’appuyant sur les travaux de la firme Green Analytics, la FCM et le BAC sont parvenues à une étude comportant 414 estimations des coûts d’adaptation relatives à 34 collectivités situées un peu partout au pays.
Une estimation conservatrice
Voilà donc comment le rapport est parvenu à cette somme de 5,3 milliards, qu’il faudrait investir sur une base annuelle pour adapter les infrastructures et les autres composantes municipales pour éviter le pire des transformations climatiques. Ce débours, qui correspond à 0,26% du PIB canadien, ou encore 1,6% des recettes fédérales projetées pour l’exercice de 2019. Il est à noter, toutefois, que les dépenses totales projetées pour ce même exercice sont déjà plus élevés de près de 20 milliards; un tel investissement dans les municipalités et les collectivités représenterait une hausse de 25% du déficit annuel, selon les données de 2019.
Parmi tous les impacts que subissent les municipalités, les phénomènes d’inondation, d’érosion et de fonte du pergélisol sont ceux entraînant les conséquences les plus importantes. Et c’est l’adaptation des bâtiments, des digues et des routes qui entraîne les dépenses les plus élevées, révèle le rapport. Les régions de l’Est et du Nord sont les plus touchées, et plus particulièrement à l’est, avec une multiplication des tempêtes, ouragans et autres inondations ces dernières années.
Avec un investissement annuel de 0,26% du PIB, avancent la FCM et le BAC, le Canada serait en queue de peloton comparativement aux autres pays du monde, une évaluation internationale citée par le rapport évoquant en fait la nécessité, pour ces nations, d’investir de 0,60 à 1,25% de leur PIB sur une base annuelle pour adapter leurs villes aux changements climatiques.
« La protection des Canadiens exige d’abord des mesures à l’échelle locale, et cela ne peut plus attendre, a ajouté M. Karsten. Chaque dollar investi aujourd’hui pour renforcer la résilience locale nous en fera économiser six plus tard. Les élus locaux sont prêts, avec de nouveaux outils, à intensifier les travaux d’adaptation sur le terrain pour assurer la sécurité de la population. »
Entre autres mesures immédiates, la FCM et le BAC réclament un déblocage des projets prêts à être mis en chantier, avec l’ajout de 2 milliards au Fonds d’atténuation et d’adaptation en matière de catastrophe, jusqu’en 2023-2024, ainsi que la mise sur pied d’outils fédéraux de plus longue durée, avec un montant d’au moins 1 milliard par an, pendant 20 ans.
En début de semaine, le Nouveau Parti démocratique promettait de doubler le Fonds d’atténuation en l’augmentant de 2,5 milliard sur quatre ans, en plus de le rendre « plus flexible ».