Rico Rodriguez a de nouveau besoin de faire tomber une dictature: après l’île de Medici, c’est au tour de Solis, qui est sous la gouverne d’Oscar Espisona, d’être dans la pire de ce surhomme à l’iconique grappin et à l’éternel manteau de cuir, dans Just Cause 4.
Développé par Avalanche Studios et publié par Square Enix, Just Cause, quatrième du nom, est à l’image de tous les autres titres de la série: un gigantesque jeu d’action en monde ouvert où le joueur peut non seulement s’attaquer à des places fortes gardées par des hordes de soldats, l’arme au poing, mais aussi (et surtout!) profiter d’un engin physique et de certains accessoires et armes surpuissants pour rapidement provoquer un chaos indescriptible parsemé d’explosions et de boules de feu… au grand plaisir du protagoniste.
Le fonctionnement est sensiblement le même au fil des titres: pour conquérir l’île, qui est elle-même séparée en diverses régions, il est nécessaire d’accomplir certaines missions pour progresser et « grignoter » petit à petit des provinces, histoire de donner un peu plus d’espace aux « combattants de la liberté ». Dans Just Cause 3, il fallait détruire des panneaux, des hauts-parleurs et d’autres installations pro-gouvernementales, avant de hisser le drapeau des rebelles pour s’emparer d’un village, par exemple. Pour les bases militaires, il fallait plutôt faire exploser réservoirs, antennes radar et autres matériel.
Pour Just Cause 4, l’idée consiste plutôt à multiplier les explosions – ce qui explose est de couleur rouge, bien entendu! –, mais cela servira plutôt à faire grossir les rangs des rebelles, l’armée du chaos, qui pourra ensuite progresser sur la carte, ce qui déverrouillera des voitures, des armes, et d’autres équipements que l’on pourra ensuite faire larguer du haut des airs. Finie, d’ailleurs, la course au balises spéciales de Just Cause 3, un processus trop complexe qui faisait en sorte que l’on n’avait pratiquement jamais recours à ces largages pourtant fort pratiques. Il est maintenant possible de se faire livrer quantité de choses, du pousse-pousse surmonté d’un canon au navire de guerre, en passant par des armes ou des voitures de sport, et ce en devant attendre au maximum quelques minutes, le temps que les pilotes soient de nouveau disponibles.
Pour la petite histoire, Oscar Espinosa contrôle Illapa, un système capable de créer des tornades, tempêtes de neige et autres éclairs sur commande. Ladite arme a entre autres été mise au point par le père de Rico. Et tout cela serait en partie l’aboutissement du scénario entamé dans le précédent titre. Mais bon, l’histoire n’a jamais vraiment été le point fort de la série. Il faut empêcher le méchant de nuire, et y parvenir nécessitera plusieurs heures de missions diverses.
Abondance
Qui dit Just Cause, dit chaos. Ou est-ce plutôt l’abondance? Abondance dans le nombre de missions, d’abord, mais aussi dans la façon, bien souvent, d’accomplir les missions en question. Si la plupart d’entre elles impliquent de faire exploser certaines choses, ou de manipuler des objets pour faire taire des canons, par exemple, il est toujours possible de se rendre sur les lieux d’une action commando en « empruntant » une voiture, tout simplement. Ou aimeriez-vous plutôt voler un avion de guerre, ou un hélicoptère, et arriver sur les lieux en ouvrant le feu, tout en étant poursuivi par les forces ennemies? Ou est-ce que votre préférence va à l’approche discrète, en parachute et en « deltaplane », en utilisant abondamment le grappin ou en équipant plutôt un petit moteur à réaction?
En fait, les missions scriptées du jeu comportent bien sûr leur lot de moments complètement fous, avec revirements de situation et scènes d’action dantesques, mais il est tout aussi possible de prendre son pied en volant un char d’assaut et en prenant la fuite, par exemple, ou en tentant, au détour d’un vol en montagne, de faire dérailler un train blindé. Le jeu a certes tendance à vous ensevelir sous les ennemis, si vous décider d’emprunter un blindé, un hélicoptère ou un autre véhicule lourd (en plus d’avoir fait disparaître les munitions illimitées), mais il faut voir cela comme une incitation à s’appuyer davantage sur les mécaniques de vol, d’utilisation du grappin et d’acrobaties mettant à profit l’engin physique un peu folichon, plutôt que de passer tout son temps dans un véhicules quasi-invincible, ce qui enlèverait un certain plaisir au jeu.
Parlons-en, d’ailleurs, du moteur physique: on a l’impression que les développeurs éprouvent bien des difficultés à programmer les camions, motos et autres engins « hors normes » pour qu’ils se comportent normalement sur la route. Si les voitures ordinaires sont relativement maniables, il n’est pas rare, et ce, peu importe le véhicule conduit, d’accrocher une pierre ou un objet invisible et d’être catapulté dans les airs en effectuant beaucoup trop de tonneaux pour que la chose soit physiquement réaliste.
La chose est drôle lorsqu’un char d’assaut vous poursuivant se met à valser dans les airs – points bonis si vous pouvez le faire exploser dans les airs! – mais on sent que le monde de Just Cause 4 est peut-être plus fragile qu’il n’y paraît. C’est bien dommage, d’ailleurs, puisque ce monde est bien souvent franchement magnifique. Gigantesque, accidentée à souhait, comportant plusieurs environnements ayant toutes leurs particularités… Solis est plus que belle. Bon, l’engin graphique ne semble pas vraiment s’être amélioré depuis Just Cause 3, surtout du côté des modèles des personnages, dans les scènes cinématiques, mais peu importe, c’est superbe, et on en redemande.
Autre particularité – incompréhensible, celle-là –, le jeu se borne à démarrer dans une étrange résolution de 1280 pixels de large. On aura beau changer le tout à chaque lancement du titre, se rendre patiemment dans le menu des options graphiques pour revenir à une résolution de 1920 x 1080 pixels, ce bon vieux 1080p, rien n’y fait, le jeu démarrera toujours dans une drôle de résolution. S’agit-il d’un bogue spécifique à l’ordinateur utilisé par ce journaliste? Ou est-ce plutôt un oubli qui n’a jamais été corrigé par les développeurs? Mystère.
Contenus supplémentaires à gogo
Just Cause 4, outre ses nombreuses missions principales et quêtes secondaires, c’est aussi trois contenus téléchargeables, qui font partie de la « passe de saison ». Et l’on peut certainement dire que les développeurs se sont amusés à créer trois micro-univers, bien intégrés dans l’univers du jeu, mais aussi tout à fait indépendants.
Le premier, Dare Devils of Destruction, promet rien de moins qu’un demolition derby dans une ambiance croisant les influences outrun et Mad Max. Couleurs néons et explosions se télescopent sur des pistes de courtes démentielles où il est bien souvent possible de cribler de plomb les voitures de ses adversaires. On pardonnera peut-être les contrôles quelque peu imprécis au clavier, ou on se munira carrément d’une manette, histoire de bien maîtriser les dérapages contrôlés.
Los Demonios, lui, évoque carrément une invasion démoniaque venue des tréfonds de la terre. Les amateurs du film Annihilation seront en terrain connu avec ces monstres créant une bulle géante au sein de laquelle l’environnement est complètement transformé. Sur fond d’apocalypse multicolore, il sera nécessaire de faire preuve d’imagination et d’audace pour détruire les tentacules du « cerveau » des zones d’infestation, puis cette créature centrale elle-même. Ce contenu donne aussi accès à ce qui est sans doute l’une des armes les plus efficaces du jeu, l’arbalète démoniaque. Étrange, oui, mais aussi follement amusante.
Le troisième contenu, enfin, Danger Rising, met aux prises Rico et ses anciens collaborateurs de l’Agence, qui ont décidé d’envoyer une flotte de sous-marins géants pour tuer Rico. Il faudra que notre héros les désactive un par un, ce qui peut être un peu redondant, à la longue, mais on y trouve un accès à un nouveau véhicule, un hovercraft, ainsi qu’à de nouvelles armes… et à un hoverboard, rien de moins, qui permettra de se déplacer sur l’eau, ou encore de descendre les montagnes enneigées.
Avec tout cela à se mettre sous la dent, et malgré la nature forcément répétitive d’une partie du jeu, Just Cause 4 est une aventure rocambolesque qui ne permet jamais vraiment de reprendre son souffle. Il est possible d’y trouver un instant pour relaxer, oui, mais l’action nous appelle, et quand il est possible d’envoyer un hélicoptère valser dans un ravin d’un coup de grappin, puis de s’envoler pour tirer des missiles sur un gigantesque réservoir d’essence, pour enfin s’enfuir à bord d’une voiture de sport volée, on se dit que le titre en vaut franchement la peine.
Just Cause 4
Développeur: Avalanche Studios
Éditeur: Square Enix
Plateformes: Xbox One, PlayStation 4, Windows (Steam) – testé sur Steam
Jeu disponible en français
Ancestors: The Humankind Odyssey – Dans la jungle, terrible jungle…
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