Le cinéaste français Gilles De Maistre est surtout connu pour son travail dans le documentaire. Il n’est donc pas surprenant que son retour au grand écran et à la fiction soit librement inspiré de véritables problèmes actuels. Dommage, pourtant, que son message se perd un peu dans les élans mélodramatiques plus ou moins crédibles de son récit. Il est désormais possible néanmoins de rattraper Mia and the White Lion, ce joli film familial, chez soi.
Il fallait bien que le phénomène du « white savior » s’attaque aux films pour enfants et, d’une certaine manière, Mia and the White Lion peut certainement correspondre au mouvement. On y raconte après tout l’histoire d’une jeune fille de famille aisée qui se lie d’amour et d’amitié avec un rare lion blanc qu’elle décide de sauver en se basant sur un conte qu’on lui racontait pour s’endormir lorsqu’elle était jeune, un réconfort essentiel face à la dureté de la réalité.
Le projet a toutefois du prestige. Renouant avec les films familiaux d’antan avec des animaux, ceux avec de véritables animaux et non pas les horreurs par ordinateur de Disney, le long-métrage a également l’ambition d’un certain Richard Linklater en ayant pris le lourd et coûteux pari d’investir la variable non-négligeable du temps dans l’équation. Ainsi, on a étalé le tournage sur plus de trois ans pour favoriser la relation entre les acteurs et les animaux en plus de construire une majorité des lieux de tournage pour y renforcer le lien entre tous.
D’emblée, toute la différence y est. Les paysages sont somptueux, les animaux adorables et l’exotisme ne semble jamais forcé.
Le hic, un peu à l’instar de Boyhood, est notamment du côté du scénario. Flirtant dangereusement avec la fantaisie et les rebondissements télévisuels (De Maistre n’a pratiquement fait que de la télévision depuis plus de 15 ans), le film a des allures cartoonesques (on pense au personnage de la ménagère africaine qui ressemble à une Aunt Jemima), ce qui n’aide pas à prendre au sérieux les (nombreux) moments où le film tombe dans la sentimentalité. Les thématiques très appuyées de la protection de la faune et de la flore, tout comme du braconnage, ne sont pas non plus à prendre très à la légère, avec les méchants semblant tout droit sortis d’un livre de Tintin.
Il y a aussi le jeu des comédiens qui s’avèrent particulièrement inégal. Bien qu’on soit toujours heureux de retrouver Mélanie Laurent, elle n’est pas le plus à l’aise en anglais, alors que les jeunes comédiens émergents sont loin d’être les plus prometteurs qu’on ait vus au cinéma.
Avec un montage plus ou moins aléatoire qui semble s’inspirer de Malick dans ses meilleurs élans et déborder d’une abondance de chansons sirupeuses dans ses pires aspects, le film ne donne pas dans la subtilité, et son rythme n’est pas entièrement assuré, alors que l’on se concentre probablement un peu trop sur les humains, plutôt que sur les animaux avec qui on aimerait également s’enfuir.
Bien que la pochette soit uniquement en anglais, l’édition que propose Shout ! bénéficie d’une traduction française en plus de regorger de suppléments. Il y a plusieurs segments promotionnels, une galerie de photo, la bande-annonce du film, des scènes supprimées, des extraits des auditions des enfants et même deux entrevues, une avec le réalisateur (qui est très amusant à voir s’exprimer en anglais avec un lourd accent français) et une autre avec l’actrice principale Daniah de Villiers. La durée des suppléments varie entre deux et sept minutes en moyenne.
Mia and the White Lion demeure néanmoins un projet ambitieux qui a de quoi faire rêver les jeunes et les moins jeunes, avec quelque chose de classique et un brin rétro dans sa manière d’offrir un film convenu, mais produit avec un soin non-négligeable. De quoi avoir une certaine authenticité lorsque les ressorts trop appuyés du scénario s’emmêlent.
5/10
Mia and the White Lion est disponible en DVD et en combo Blu-Ray et DVD via Shout ! depuis le 6 août dernier.