Un nouveau conflit de travail semble inévitable chez Postes Canada. Dans une série de communiqués envoyés au cours des derniers jours, la partie patronale de la société d’État et le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP) semblent déjà s’imputer la responsabilité d’un futur arrêt des livraisons postales.
Selon les informations de Radio-Canada et de La Presse Canadienne, Postes Canada aurait publié un communiqué dans lequel l’entreprise affirme que les négociations entamées il y a plusieurs mois déjà se poursuivaient, mais qu’en cas de grève, le service postal ne serait simplement plus assuré, et qu’aucun nouvel article ne serait accepté.
De son côté, le STTP a diffusé, au cours de la fin de semaine, une série de messages portant sur les plus récentes offres patronales, que le syndicat juge sévèrement.
Dans l’un de ces communiqués, intitulé Offre globale de Postes Canada: que manque-t-il?, le regroupement syndical dresse ainsi la liste de 24 revendications n’ayant pas suscité de réponse positive de la part des dirigeants de la société de la Couronne. On y trouve entre autres des demandes pour une augmentation salariale supérieure à l’inflation, l’assurance de la sécurité d’emploi pour les travailleurs réguliers, la suppression des salaires d’embauche pour les nouveaux employés, le rétablissement du régime de congés de maladie, ainsi que le rétablissement du service de livraison à domicile là où il a été supprimé.
Postes Canada est effectivement confrontée à une crise majeure, soit l’effritement, depuis des années, des revenus provenant des envois de lettres entre particuliers. Internet ayant fait son nid dans les domiciles des familles canadiennes, les citoyens passent par le courriel plutôt que par la poste pour communiquer avec leurs proches. Cette désaffection d’une partie du service entraîne des baisses de revenus conséquents. Cela, conjugué à un régime de retraite déjà jugé déficitaire par Postes Canada, a placé la société de la Couronne au pied du mur.
Incidemment, cette dernière a annoncé, au cours des dernières années, l’abandon progressif de la livraison à domicile dans les zones urbaines et l’installation de boîtes postales. La mesure a provoqué une levée de boucliers, poussant même le maire de Montréal, Denis Coderre, à détruire au marteau-piqueur une partie d’une dalle de béton devant accueillir des boîtes postales. L’élection du gouvernement Trudeau, en octobre 2015, a provoqué la suspension de cette transformation du service postal.
Au dire des syndiqués, Postes Canada tente de faire de la petite politique en réduisant ses coûts salariaux, alors que l’entreprise réalise d’important profits dans sa division de la livraison des colis. En effet, autant la généralisation de l’utilisation d’internet a nuit à l’utilisation des lettres traditionnelles entre particuliers, autant ces mêmes internautes achètent de plus en plus sur le web, utilisant les services de livraison de Postes Canada pour obtenir leurs colis.
Le STTP réclame aussi que Postes Canada offre aussi des services bancaires par la poste, une situation qui existe déjà dans d’autres pays occidentaux. Impossible de savoir si l’entreprise a envisagé une telle solution.
« Nous ne laisserons pas un petit groupe d’hommes d’affaire myopes empocher des primes tout en clamant que Postes Canada éprouve des problèmes financiers. Le seul problème, ce sont les personnes qui dirigent la société d’État », martèle le syndicat dans un communiqué publié jeudi dernier sur son site web.
Il semble que dans cet affrontement entre deux visions du service postal fédéral, il n’y ait pas de place pour des compromis.