L’intention de plusieurs députés italiens d’imposer des amendes allant jusqu’à un million d’euros aux navires et organisations effectuant des missions de recherche et de sauvetage de migrants au large des côtes du pays a entraîné une nouvelle mise en garde des Nations unies, mardi, à savoir que cette mesure risquait de nuire aux futurs tentatives de sauvetage dans la Méditerranée, une zone déjà particulièrement meurtrière.
Lors d’une allocution prononcée à Genève, le porte-parole du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), Charlie Yaxley, a déclaré que cette volonté législative survenait alors que d’autres pays européens avaient largement cessé de mener des opérations de sauvetage en mer.
« En vertu des changements approuvés par le Parlement (italien), les amendes pour les navires privés qui mènent des opérations de sauvetage et qui ne respectent pas l’interdiction d’entrée dans les eaux territoriales ont grimpé jusqu’à un million d’euros », a-t-il indiqué. « De plus, les navires seront automatiquement saisis. »
Jusqu’à maintenant, cette année, quelque 4000 personnes ont effectué la dangereuse traversée de l’Afrique et du Proche-Orient vers les terres promises de l’Europe, a fait savoir M. Yaxley, soit une chute particulièrement marquée de 80% du nombre de migrants ayant tenté leur chance durant les sept premiers mois de l’an dernier.
De son côté, The Telegraph rapporte que cette nouvelle loi italienne représente une victoire politique pour Matteo Salvini, le vice-premier ministre et chef de la Ligue, le parti d’extrême droite qui partage le pouvoir avec le M5S (antisystème).
La précédente amende imposée aux navires, lors d’une loi adoptée en décembre dernier, n’était que de 50 000 euros.
« Plus de pouvoirs aux forces de l’ordre, plus de contrôles aux frontières, plus d’agents pour arrêter des mafieux et des membres du crime organisé », a écrit sur Twitter M. Salvini, qui est aussi ministre de l’Intérieur.
Une rébellion couvait pourtant au sein du M5S, avec qui les relations de la Ligue sont devenues particulièrement toxiques au fil des années de la cohabitation.
Au dire des opposants du vice-premier ministre, la nouvelle loi sape les droits de la personne et persécute ceux qui possèdent des motifs légitimes de fuir la violence et la pauvreté. Le Conseil européen et des ONG humanitaires ont tous critiqué cette nouvelle loi, écrit encore le quotidien britannique.
La position de force de M. Salvini semble toutefois avoir son effet sur les Italiens: l’appui envers la Ligue a bondi à 38%, comparativement aux 17% obtenus lors des dernières élections générales.
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